Lyon : « Le Moi de la Danse » aux Subsistances
Il va de soi qu’on préfère publier un faire-part de naissance que d’annoncer un décès. On se réjouit donc de l’initiative des Subsistances, qui lancent un nouveau rendez-vous avec les novateurs de la danse contemporaine. Le Moi de la Danse voit donc le jour à Lyon et propose de rencontrer les créations de quatre chorégraphes ou compagnies, entourées de conférences, conversations et quelques autres formules.
Ca dure (presque) un mois, et pourtant s’écrit sans « s », et cela s’explique puisque les artistes qui ont été choisis, le sont en raison de leurs personnalités marquantes. Manuel Roque, ancien interprète de Marie Chouinard, met en jeu sa peau face à un rocher métallique, évoque un animal mythologique et pourtant il appelle son solo Data comme s’il travaillait en arts numériques. Mais il danse sur le Requiem de Fauré et l’inspiration sensorielle vient des déserts américains.
Alexandre Roccoli a écrit le solo «Longing » pour Malika Djardi qu’on vient de découvrir dans Sa Prière, son solo montré aux dernières Rencontres Chorégraphiques. Tout part des femmes kabyles tisserandes et d’impressions de paysages. Le sol, la musique, le costume, la danse qui appelle la transe : Tout évoque l’orient, mais la création musicale électronique met l’accent sur le voyage, la rencontre, la traversée.
Marco da Silva Ferreira, jeune chorégraphe portugais, rafle le prix (Meilleur jeune créateur portugais, 2e prix (Re)connaissance) avec un quatuor masculin aux confins du minimalisme. Hu(r)mano part des techniques de glisse et du mime de la danse urbaine pour les charger de sensualité et de fluidité. D'abord soudés dans quelques constellations plastiquement très intéressantes, les danseurs gagnent en autonomie sur des rythmes allant crescendo. Très structurée, interrogeant les possibilités de liberté individuelle à l'intérieur de codes précis, la pièce est portée par une recherche très riche et surprenante sur le mouvement, où la danse reste proche du quotidien, et donc du vécu du spectateur.
Pour finir, on retrouve Cecilia Bengolea et François Chaignaud. Avec le danseur Alex Mugler, ils créent une des plus étranges associations entre danse et musique de ces dernières années, quand ils suivent sur pointes, les sons jamaïcains balancés par DJ MatDTSound, mettant le corps autant que les rythmes face à des tensions maximales.
Aussi est-il beaucoup question de danse dans ces spectacles, et ce n’est pas un pléonasme, car les chorégraphes invités ont tous un talent particulier à faire changer notre regard sur le mouvement et le corps. Et ça change la perception de la danse contemporaine : Ludique, jamais hermétique, et en phase avec son époque, elle s’adresse à tous. Le Moi de la Danse le souligne d’autant plus qu’il crée de nouveaux types de rendez-vous, comme les Cours de Danse-Minute, qui proposent de découvrir des danses en trente minutes. Un tel speed-dating chorégraphique est sans aucun doute adapté à la vie actuelle des jeunes, des cadres et autres gens modernes…
On danse avec le corps, mais aussi avec la parole et la pensée : Quatre Grands témoins vont se livrer au jeu du talk-show en live, et ce ne sont pas le moindres : D‘abord Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche (qui font par ailleurs l’objet d’une exposition à Eléphant Paname à Paris, à partir du 29 janvier), ensuite Maguy Marin, suivie de Mathilde Monnier et La Ribot (mais pas en même temps).
Thomas Hahn
Le Moi de la Danse, du 14 janvier au 7 février 2016
Toute la programmation est à consulter sur le site des Subsistances :
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