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« Pulsion » de Brumachon / Lamarche

Une pièce créée tout spécialement pour les onze formidables élèves de la promotion Arts du Mouvement de l’ESAD.

C’est dans le studio de l’ESAD, Ecole Supérieure d’Art Dramatique, qui est un département théâtre du PSPBB, que Claude Brumachon et Benjamin Lamarche ont présenté la finalité de leur travail avec les élèves de la 3 ème année de la promotion Arts du Mouvement.

Onze jeunes qui ont tout d’abord rencontré le chorégraphe en octobre pour huit jours de stage puis tout un mois afin d’élaborer Pulsion, une œuvre qui ne ressemble en rien à un laboratoire, mais à une véritable réalisation où ces artistes en herbe font preuve d’une exceptionnelle maturité.

Cette promotion est particulière et ces jeunes ont été recrutés au moment du concours d’entrée avec un pré requis obligé sur le travail du corps. L’enjeu pour l’école est de les former en tant qu’acteurs à part entière et ainsi de les rendre disponibles à d’autres disciplines. « Certains avaient une bonne expérience en danse, ou en en cirque et d’autres avaient une polyvalence avérée » raconte Benjamin Lamarche. « C’est un atout dans le spectacle vivant aujourd’hui qui est de plus en plus tourné vers la transversalité. »

Le projet de l’école est centré autour d’une notion fondamentale, l’acteur-créateur. Après trois ans d’études, les étudiants obtiennent un DNSPC (Diplôme National Supérieur de  la profession de Comédien) et une licence « arts du spectacle ».

Les intervenants sont des artistes qui travaillent sur un projet artistique et pédagogique, sous forme de cessions et non des professeurs permanents. Preuve en est, la présence de Claude et de Benjamin pour Pulsion.

Pas de casting pour cette création, mais toute la promotion pour suivre cet apprentissage de la danse très personnelle de Claude Brumachon. « Nous étions face à des étudiants de théâtre totalement ouverts à cette sensation et à la substance du corps particulière à notre travail. » poursuit Benjamin Lamarche. Pour débuter la cession, après une simple présentation, il a fallu aborder la technique puis des recherches de matière, la relation à l’autre, comment être disponible à l’état de l’être immédiat. Ainsi, le chorégraphe a commencé à écrire de petits modules et trouvait très rapidement une trame en corrélation avec la personnalité et le talent de chacun.

Ensuite, à raison de six heures par jour et ce pendant un mois, Pulsion a commencé à prendre forme. « C'est-à-dire chercher ce qui nous motive, aussi bien au niveau de la pulsation tellurique, que minérale, terrestre, aérienne et animale.  Soit, tout ce qui est en nous, tout ce qui nous fait bouger sans être vus. » explique le chorégraphe.

Et le résultat est exceptionnel. Les onze interprètes se sont lancés à corps perdu dans un style de danse extrêmement travaillé où la notion du collectif explose et meurt dans la solitude. Dans un rythme très rapide, des sauts, des portées, de violentes chutes, de splendides mouvements de bras, des courses effrénées pour survivre et surtout, une parfaite intériorité de chaque personnage. Car, chose étonnante, on ne porte pas son regard comme il arrive souvent sur un ou deux interprètes, mais sur chacun d’entre eux car ils possèdent une immense personnalité. Qu’ils soient homme ou femme, ils jouent comme au théâtre, sauf que là, seul le corps parle. Et il parle bien puisqu’ils ont su faire naitre une formidable spontanéité.

On y retrouve bien entendu les thèmes propres au duo Brumachon/Lamarche, c'est-à-dire l’animalité, l’oubli de l’autre, le rapport à l’espace, la place de l’humain dans la société, le renfermement sur soi-même et la recherche de la justesse dans le moment présent. Ces jeunes étudiants ont tout compris. Il se dégage d’eux une intense émotion, une vitalité étonnante, de l’élégance, un sentiment de jouissance et surtout, un profond respect pour la danse.

« S’adresser à une autre population artistique, cette obligation de transmettre à des jeunes qui sont sur l’idée du corps, nous a amené à une vision différente, un nouvel oxymore. » dit Claude.

La corrélation entre l’écriture chorégraphique très pointilleuse de Claude Brumachon, la vaste expérience de danseur de Benjamin Lamarche, l’excellente musique de Christophe Zurfluh et la puissance de ces jeunes interprètes, provoque un spectacle enthousiasmant de très haut niveau qui mérite de tourner donc d’être vu par un maximum de spectateurs.

Sophie Lesort

Spectacle vu à l’ESAD le 23 mars 2018

Pulsion, chorégraphie Claude Brumachon assisté de Benjamin Lamarche

Distribution : Charlotte Avias, Pauline Chabrol, Thomas Couppey, Suzanne Dubois, Myriam Jarmache, Antoine Maitrias, Simon Peretti, Léo Ricordel, Eléna Sandoz, Eliakim Sénégas-Lajus

La promotion 2018 travaille avec Marcus Borja sur un atelier de création, « La Voix du plus fort ». Des présentations publiques seront organisées au musée du Louvre les 6, 11 et 13 avril à 19h et 20h.
Le projet, mené également avec trois musiciennes du département « musique ancienne » du PSPBB est en lien avec l’exposition « Théâtre du pouvoir » présenté à la Petite Galerie.

Les réservations sont intégralement gérées par le musée du Louvre et exceptinnellement, ces présentations publiques ne sont pas accessibles en entrée libre. Informations pratiques :  site du Louvre.

 

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