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Le festival Kalypso fait entrer les « Hip Hop Games » dans Paname

Un format nouveau pour les danses urbaines déclinées en show d’impro et épreuves ludiques. 

Le hip-hop, on l’imagine en battles de break, en fête façon popping ou en création avec des chorégraphes. Et bientôt en sport, aux Jeux Olympiques. Aujourd’hui, il existe aussi en Games, grâce à une équipe créative fondée par Romuald Brizolier. C’est Philémon qui anime la soirée, cet improvisateur-slameur et MC, lisez : maître de cérémonie.

 Sur le plateau, une table de DJ / VJ, un canapé comme pour un talkshow et une rampe, comme pour des lancements bien médités où menace la glissade. Au fond, des vidéos défilent sur un grand écran dont on mesure tout de suite qu’il jouera un rôle clé dans l’animation du plateau. Y défilent aussi les images animées interactives qui réagissent au bruit dans la  salle. Donc : « Faites du bruit !!! » Rien à voir avec l’ambiance dans une salle avant un spectacle. On se croirait presque sur un plateau de télévision. 

Beaucoup  d’univers se croisent dans les Hip Hop Games, où l’inspiration vient bien sûr des battles et du slam, mais avant tout des matchs d’impro du milieu théâtral, décliné en mode rue. « Chez nous, l’art de l’improvisation est l’art du rebondissement », annonce Philémon. Le treizième art, sans doute, vu qu’on se trouve là au 13Art, la salle qui, en 2023, accueille le festival Kalypso tous les mardi et mercredi du mois de novembre. Fondateur de Kalypso, Mourad Merzouki a de bons contacts ici, où il a triomphé notamment avec Pixel et Folia. En ce sens le 13Art ouvrait déjà de nouvelles avenues aux cultures urbaines. Et pour la première fois, les Hip Hop Games  sont entrés dans Paname !

Jeux libres 

On pense aux Jeux Olympiques comme à Nijinski avec Jeux, aux talent shows à la télé d’aujourd’hui comme aux jeux d’équipes farfelues, très populaires dans les années 1980. Les Hip Hop Games, c’est tout ça, décliné sur un mode différent : des jeux assez libres et ludiques, où quatre danseurs s’affrontent en toute complicité et en quatre épreuves, animées par deux DJ, un arbitre (et Art Director, nommé Romss) et ledit MC – encore quatre donc, et le rythme qu’ils pratiquent par le human beat box de Mystraw (mais quel musicien !) est à quatre temps. Dans l’ensemble, c’est un vrai quatre-quarts. 

Le format est encore très nouveau et dans une salle comble, seule une petite dizaine de personnes avait déjà assisté à des Hip Hop Games. La soirée commence donc par moult explications, ce qui donne à son tour l’occasion de jouer avec le public. Ensuite, arrivent les épreuves, qui sont les mêmes à chaque fois, si bien qu’on pourrait parler de disciplines, comme aux sports. Dans un esprit véritablement olympique, voudrions-nous ajouter, puisque l’arbitrage est presque inexistant quand il s’agit de diviser entre vainqueurs et vaincus. Ici, tout le monde gagne. La seule à départager deux équipes était, ce soir-là, la guest star Tallya Brillaux. Un réflexe compréhensible, puisqu’elle est championne de boxe anglaise. 

Débattle et Epreuve de la Source

La première épreuve sert à présenter les gladiateurs, dans un solo sur trois musiques différentes, en incarnant un personnage de bout en bout. Astuce : Attention aux transitions et à rester dans son personnage ! Tirage au sort à l’aide du public, et c’est parti ! Jimmy campe un flâneur titubant, un peu robot sur les bords, et assez jazzy à ses heures. Salomon, un rêveur au groove fluide. Tine, seule femme en lice, dévoile un côté enjoué, sensuel et très fluide. Et Biscuit, le grand chauve, montre que ses longues jambes peuvent former les nœuds antigravitationnels les plus étonnants. 

Les présentations étant faites, le quatuor se retrouve en équipes de deux pour improviser avec des objets-surprise, avant d’incarner « l’alter ego dansant » de deux improvisateurs-débatteurs en art sonore autour d’une question qui se pose autant aux danseurs qu’aux sportifs : Faut-il se nourrir  de graines ou de kebab ? C’est le Débattle, où Biscuit, sur toute la longueur de son corps si élastique, fait éclater la joie de croquer dans un sandwich. Et finalement, l’Epreuve de la Source : observer un danseur (la source), s’inspirer de son style et descendre la rampe pour improviser avec lui. 

Avant de se quitter, Philémon revient aux présentations. On avait en fait à faire à de vraies vedettes qui concourraient sous leurs simples prénoms. Mais il se trouve que Tine apparaît sur Netflix et a participé aux légendaires Indes Galantes sur le plateau de l’Opéra Bastille, que Salomon Asaro a remporté le Prix Lagardère Danse et numérique et ainsi de suite. Mais avant tout, les Hip Hop Games  sont un hommage foisonnant à l’inventivité et au plaisir de s’affronter dans la complicité. On est donc dans l’esprit hip-hop, de bout en bout, dans un mélange de toutes les disciplines de cette culture urbaine : Graph, musique, DJing, poésie et danse, avec le numérique en prime. Une soirée comme un festival… 

Thomas Hahn

Vu le 21 novembre 2023, Paris, 13Art, dans le cadre du festival Kalypso.  

Festival Kalypso, jusqu’au 23 décembre 2023

 

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