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La saison 23/24 du Ballet de l’OnR

Une nouvelle saison de l’Opéra national du Rhin et de son Ballet sous le signe du rêve et de l’utopie.

Cette nouvelle saison de l’Opéra national du Rhin s’intitule « Rêver d’un autre monde » car il s’agit dans notre monde troublé de réactiver le pouvoir de la fiction et la valeur thérapeutique des contes, et leur faculté à nous transporter dans des mondes parallèles, cartographiés par l’utopie, stimulé par l’imagination. Mais il n’est pas question pour autant de fuir les enjeux d’aujourd’hui, mais peut-être de les aborder autrement pour mettre en œuvre leur potentiel de transformation.

Nous ne parlerons pas ici des opéras, pourtant très attirants qui parsèment cette saison, mais bien sûr des ballets portés par le CCN-Ballet de l’OnR et son directeur Bruno Bouché.

La saison 23-24 ouvre avec la reprise de Danser Schubert au XXIe siècle qui propose à de très jeunes chorégraphes, issus des rangs du Ballet à déployer leur univers chorégraphique autour de la figure de Schubert (lire notre critique). Déjà présenté à Colmar mais jamais à Strasbourg pour cause de Covid 19, la soirée parie sur l’émergence chorégraphique de la compagnie sans craindre d’affronter l’atmosphère poétique des lieder et sonates de Schubert. Cette fois, ce sont douze chorégraphes qui affronteront un cadre scénique imposé, qui n’est autre que le peintre et ancien danseur, Silvère Jarrosson, qui sera présentée pour la première fois à Strasbourg et se situe dans une forme d’abstraction lyrique. Une jeune chanteuse et un jeune chanteur de l’Opéra Studio accompagner ce projet.

Galerie photo © Agathe Poupeney

Cette reprise sera suivie de celle de Kamuyot, une proposition hors norme signée Ohad Naharin (lire notre avant-première). C’est un projet de territoire co-construit par La Filature et le CCN Ballet de l’OnR. Cette pièce qui place les spectateurs au plus près des danseurs, est une ode à la jeunesse et à la liberté. Pour les danseurs c’est une façon de se confronter plusieurs grands maîtres qui vont leur donner des techniques d’improvisation et renouveler leur façon dee se mouvoir. Ainsi, depuis cette rencontre, les artistes du Ballet sont devenus de vrais adeptes de la technique « gaga ».

Galerie photo © Agathe Poupeney

Autre reprise, Chaplin de Mario Schröder, par ailleurs directeur du Ballet de Leipzig. C’est un grand ballet qui s’intéresse aux enjeux actuels et à une dramaturgie du XXIe siècle, né d’une envie de se saisir de nouveaux répertoires inspirés par des personnalités ou des thèmes en prise avec notre époque. C’est le cas de ce ballet qui est une façon de traverser l’histoire du XXe siècle et de réfléchir à la position del’artiste dans la société (lire notre critique).

Galerie photo © Agathe Poupeney

Après le chapitre reprises, passons aux créations, avec, pour commencer une soirée nommée « Sérénades » et accompagnée par l’Orchestre symphonique de Mulhouse. Bien sûr, la référence à Sérénade de George Balanchine n’est pas un hasard. Composée de trois œuvres nouvelles, la soirée revisite la tradition de l’ode amoureuse. Brett Fukuda, formée à la New York City School est une danseuse issue du ballet. Muse Paradox pour cinq danseurs repart de la transformation homme/femme pour aborder des questions sociétales et philosophiques autour du féminisme avec pour thème le créateur et ses muses, clin d’œil à un autre ballet de Balanchine : Apollon musagète. Gil Harush quant à lui, s’appuie bien sur l’œuvre de 1934, 90 ans après sa création. Le chorégraphe franco-isralien livre une relecture contemporaine tout en reprenant la structure balanchinienne avec ses dix-sept danseurs. Enfin, Bruno Bouché dans Pour le reste, pour sept danseurs, s’intéresse aux histoires d’amour sur les pièces pour cordes de Tchaïkovsky, sous l’angle du désir paradoxal d’indépendance et de fusion.

Galerie photo © Agathe Poupeney

Mais la création mondiale qui va compter cette saison est certainement On achève bien les chevaux. Pour Bruno Bouché, le désir de créer une nouvelle forme de danse-théâtre a été le moteur de cette création mondiale d’envergure qui nous raconte les marathons de danse en pleine crise économique où les femmes et les hommes avaient le choix entre danser ou mourir. Cette création réunit autour de Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro, 44 artistes danseurs, comédiens et musiciens, sur le plateau, entre les interprètes du Ballet de l’OnR et ceux de la Compagnie des Petits Champs pour cette dystopie qui fait encore sens aujourd’hui. Elle sera visible dès cet été au festival de Chateauvallon (le 6 juillet).

Spectres d’Europe clôturera la saison du Ballet avec une danse qui interroge l’histoire du vieux continent et son imaginaire collectif à travers de très jeunes chorégraphes européens. Sous les jupes est le portrait d’une jeunesse décomplexée qui a soif de vivre, de rire et d’aimer de Pierre-Emile Lemieux-Venne, danseur-chorégraphe du Ballet de l'OnR, organisé par le Malandain Ballet Biarritz, le Ballet de l’Opéra national de Bordeaux, et le Ballet de l’Opéra national du Rhin.

Galerie photo © Agathe Poupeney

Quand les spectres s’éveillent, la lumière danse avec les ombres dans un jeu de clair-obscur dans Rex de Lucas Rodrigues Valente, lauréat du Concours de Jeunes Chorégraphes. Le temps file, inexorable, vers un futur hypothétique, sans que l’on ne puisse jamais suspendre sa course. Les Anciens le mesuraient grâce à l’écoulement d’un sablier. Sans doute avaient-ils remarqué que le temps s’apparente au sable : plus on essaie d’en retenir dans sa main, plus il s’écoule rapidement dans Poussière de Terre d’Alba Castillo.

Enfin les Ballets européens du XXIe siècle reviennent à La Filature avec aux côtés du CCN – Ballet de l’OnR, un programme exceptionnel avec le Ballet Preljocaj, le CCN Ballet national de Marseille, et le Ballet national de Norvège.

Agnès Izrine

On achève bien les chevaux : 6 Juillet 2023 - Festival de Châteauvallon

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