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KLAP Maison pour la danse : Le festival + de Genres

Le festival + de Genres, qui s’attache à décloisonner les identités sexuelles, initié par Michel Kelemenis au KLAP Maison pour la Danse de Marseille, se déclinera en deux temps et non pas trois mais de nombreux mouvements… en tous genres.

Premier temps : Le 8 mars, journée internationale de la Femme, avec un programme copieux qui commence dès le petit déjeuner en partenariat avec le Labo des désirs et qui réunira une artiste programmée au festival et des gens du quartier pour un moment d’échange et de convivialité. Il sera suivi d’une restitution d’atelier dansé, mené par Anthony La Rosa, danseur de la compagnie Kelemenis avec les habitantes en fin de matinée. A 18h, place à la BD pour le vernissage de l’exposition de l’illustratrice Léa Djeziri qui travaille au sein du collectif féministe tunisien Shift. À 19h, Marion Sage s’inspire des cabarets berlinois des « Années folles »  dans JUM’S une performance haute en couleur parlée, dansée et rythmée. À 20h, Maud Pizon prend le relais avec COVER, qui s’inspire de ce procédé musical consistant à reprendre un titre existant en s’en éloignant. À travers des soli tirés de l’histoire de la danse, accompagnée de trois musiciennes, Yuko Oshima (batterie/voix), Christelle Séry (guitare) et une bassiste, elle prend le contrepied de la fidélité obligée à un répertoire mythifié pour s’en décoller voire, le dé-figurer. Enfin, tout finit par un concert intitulé My Imaginary Loves, qui allie à une sensibilité pop des résonances sombres et saturées. 

Après cette entrée en matière copieuse, le deuxième temps se déroule du 14 au 27 mars. 

Dans une grande diversité de formats, le festival donne à voir toutes sortes de propositions qui interrogent les normes discriminantes pour de nombreuses communautés ou identités, avec des œuvres qui chamboulent la binarité des genres et esquissent des pistes de réfléxion.

Le 14, Abîme de Violette Guillarme tisse le fil d’une autobiographie féminine à travers violences et généalogie de la honte, dans une forme de lecture performance entre dialogue et récit. Matthieu Hocquemiller prend la suite dans un rituel très plastique pur évoquer Circé l’enchanteresse, dans une forme d’utopie en mouvement. Des corps moléculaires s'agencent, « pulsent » ensemble et se connectent à une puissance de vie qui les relient et les transforment. Ce spectacle très visuel et onirique fait écho à I’ll lick the fog off your skin qui invite le public à se perdre dans une forêt d’écrans, placée sous le signe des rencontres furtives et troublantes, laissant apparaître fantômes sensuels ou désirs inédits (le 26 mars). Entre temps, toutes sortes de propositions conjuguent les rapports entre la danse et les genres.

On pourra découvrir un documentaire de Mylène Chrisso Les Trans Dansent, suivi d’un duo, et d’un autre documentaire de la compagnie Essevesse (un joli palindrome !). Mais aussi Inaccessible Vallée de Max Fossati un solo autobiographique hybride, qui déplie des fragments de vie associés à sa relation avec son grand-père. Solo aussi, Rapunzel de Mélissa Guex qui déconstruit le conte de Raiponce et le mythe de la Princesse qui attend son Prince sur un mode trash punk. Solo toujours la performance expérimentale de Baptiste Cazeaux Gimme a break !!! qui élance son corps conscient et engagé dans un voyage fait de distorsions sonores, de basses puissantes et de rythmes fous. Et encore en solo, Je badine avec l’amour de Sylvain Riéjou qui plonge dans les références culturelles de son enfance pour (re)visiter la figure du duo d’amour sous le signe de la confusion des genres couplée avec Dirty Dancing. L’amour toujours avec AMOUR h. de Gaël Rougerez, un huis clos sensuel avec quatre hommes, dont les corps s’attirent, s’enlacent, se séparent... 

Après les solos et le quatuor, Volmir Cordeiro, travaille la danse de groupe et met en scène dans Abri l’idée d’un « nous » qui serait à la fois une troupe de cirque, une famille de clowns, une arène de bêtes. Ensemble, ils cherchent à construire une forme de solidarité, loin d’une volonté de surpuissance de l’homme contre la vie, la nature et le corps dans un déploiement carnavalesque de neuf danseurs.

Le festival finit le 27 mars avec deux spectacles. Hortense Belhôte nous parle dans une conférence-dansée des oubliées de la Révolution française. Elle rend ainsi hommage à ceux et celles qui ne répondent pas aux critères de panthéonisation, aux anti-héros comme le bengali Zamor, la précurseuse féministe Claire de Duras ou l’ambigüe Chevalière D’Éon… Car on le sait trop peu, mais oui, nos ancêtres du premier 14 juillet étaient aussi noires, femmes ou transgenres ! Et Johanne dans Appetite for the depths nous raconte son processus de transition à travers l’expérience immersive du mouvement avec des danses subversives de minorités invisibilisées.

Agnès Izrine

Festival + DE GENRES - Le 8 et du 14 au 27 mars 2024, KLAP Maison pour la danse, Marseille

 Image de preview : "Abri" - Volmir Cordeiro © Fernanda Tafner

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