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« I will survive » au Manège de Reims : danser pour survivre

La scène nationale entre dans la danse avec un temps fort en danses, musiques et mutations.

I will survive… On ne saurait trouver meilleure devise en ces temps où l’on espère sortir enfin du cycle des confinements et réouvertures timides des salles de spectacle. Je vais survire : c’est l’expression de la volonté de rebondir, de ne pas se laisser abattre. Le tube de Gloria Gaynor sorti en 1978 raconte une séparation et la volonté de faire face à la réalité. Cette séparation pourrait être celle d’avec le public, et l’hymne à la résilience de la star de la soul chante aujourd’hui les retrouvailles pour vivre, enfin, une saison complète et normale. 

I will survive, voilà qui pourrait aussi résumer une grande partie des propositions ici regroupées en un temps fort, par exemple avec Yves Mwamba qui rend hommage à Rebecca Kabugho, jeune militante congolaise pour la démocratie, qui a été arrêtée de multiples fois. Danse traditionnelle, contemporaine occidentale et krump réunies sur musique live, portent un message de lutte pour un monde meilleur. Voix intérieures/Manifeste  raconte la réalité d’un pays en lutte pour la démocratie. 

Chez Matthieu Barbin, qui arrive au Manège avec son incroyable solo Les cent mille derniers quart d’heure, c’est Sara qui rêve d’un monde meilleur, meilleur pour elle, où elle trouverait une alternative à cette vie d’ouvrière qui voit son corps s’abimer petit à petit. La chanson sur laquelle elle vit son rêve n’est pas I will survive, mais I’m every Woman de Chaka Khan. Le glamour que Barbin lui prête sur scène est fait de fantasmes de féminité. Où il n’est pas question de révolte, mais de transformation, où Barbin vit chaque instant de sa passation entre le masculin et le féminin tel un rêve qui se réalise enfin. 

Une autre transformation est au centre de la nouvelle création de Jérôme Brabant. Dans Ecdysis, telle une cérémonie pour trois danseurs, un chanteur et un batteur, il s’agit de changer d’identité pour se libérer. Le point de départ de cette création, qui fête ici sa naissance face au public, était la rencontre de Brabant avec une femme transgenre qui a changé de sexe à l’âge de 50 ans. Il n’est jamais trop tard ! On est donc dans l’idée de mutation, à l’instar des invertébrés qui se défont d’une peau pour en trouver une nouvelle. Sur le plateau, les corps des quatre interprètes deviennent polymorphes et hybrides. 

Avec Nina Vallon, nous revenons à la chanson comme point de départ. « Le monde était en feu, et toi seul pouvais de me sauver »: La phrase-clé de la chanson Wicked Game de Chris Isaacs décrit un état d’urgence sentimental. Dans cette pièce pour cinq femmes, chaque protagoniste joue un rôle, de « La conteuse » à la « La Listeuse », en passant par « La Tueuse », « La Plieuse » ou encore « La Sorcière ». 

Elles aussi se dépouillent petit à petit de leurs lourdes robes noires et de leurs collerettes blanches, traversant ainsi plus de trois siècles de la vie des femmes, échangeant confidences, gestes et chants sur fond d’un DJ Set offert en live. Cinq survivantes, en somme. 

Thomas Hahn

I will survive ! - Manège de Reims du 29 septembre au 1er octobre 2021
Le programme complet 

Image de preview : Yves Mwamba - Voix intérieures/Manifeste © Romu Ducros

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