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Le festival Body Music pour la première fois en France

L’international Body Music Festival a été créé en 2008 par Keith Terry qui en est toujours le directeur artistique. Ce projet est porté par Crosspulse, une association artistique basée à Oakland en Californie qui dédie ses activités à l’éducation, la production et la captation de spectacles dans le domaine des arts rythmiques interculturels. Le Festival est produit par Terry Keith et Evie Ladin dans la région de San Francisco et tous les deux ans par ses partenaires tels que Barbatuques à São Paulo (Brésil), Kekeça à Istambul (Turquie), Rucina Ballinger, Çudamani et I Wayan Dibla à Bali (Indonésie) et enfin Leela Petronto qui, en tant que co-directrice de l’IBMF le présente pour la première fois en France à la Maison des Métallos.

Mais qu’est ce que la Body Music ? C’est tout simplement créer des sons avec son corps, afin que le rythme induit devienne non seulement un moyen d’échange entre les artistes, mais surtout une œuvre à part entière qui impose de grandes qualités techniques afin de célébrer comme il se doit les musiques corporelles.

Et le plus étonnant est que cette forme d’expression « inclassable » dépasse les clivages culturels, économiques, d’âge ou de genre. Aux frontières de la danse, de la musique, de la théâtralité et du rythme ce style est devenu le lieu de rencontre des artistes et pratiquants de la « Body Music » du monde entier avec des propositions riches, multiples et singulières.

La preuve en fut flagrante lors de la soirée d’ouverture du Festival avec Tapage Nocturne qui était composée de quinze tableaux interprétés par des artistes internationaux. Et là, toutes les facettes de la percussion corporelle furent représentées par des solos virtuoses ou des chorégraphies de groupe.

Entre des formes considérées comme traditionnelles tel le gumboots (un type de danse africaine percussive se pratiquant avec des bottes de caoutchouc), ou le clogging (une danse folklorique américaine proche des claquettes) et les formes contemporaines, métissées et urbaines comme le beatbox, le step ou la body percussion, il est évident que les musiques corporelles véhiculent un message d’universalité.

Parmi tous ces artistes d’origines et de cultures si différentes, on a pu remarquer l’excellent sud-africain Vuyani Feni à la forte personnalité qui aborde le thème de l’esclavage dans un rythme effréné. Les remarquables clowns canadiens de Théâtre à Tempo, Geneviève Kérouac, Benoit Lemay et Olivier Fourest qui composent une réjouissante histoire basée sur le geste en quelques minutes. Avec leur touche contemporaine, le couple venu du Brésil, Charles Raszl et Anita Gritsh, apporte une évidente note de fraîcheur. L’un et l’autre chanteurs, danseurs, musiciens et acteurs, organisent des ateliers afin de promouvoir la réunion des Barbatuques, techniques de percussion corporelle (Brésil), les gumboots (Afrique du Sud) et Hambone (Etats - Unis) avec les sons que les mouvements de danse brésilienne (capoeira, frevo, samba et noix de coco) peuvent produire.

Quant au cubain Raul Cabrera et l’américain Bryan Dyer, ils ont offert un magnifique duo vocal de trompette et contrebasse.

Mais les femmes apportent infiniment plus de grâce car la danse est pour elles le lien indispensable avec les percussions sur le corps. Telle Leela Petronio qui est une danseuse franco-américaine reconnue internationalement pour avoir développé une approche originale des claquettes en les fusionnant avec les percussions corporelles et la danse hip hop. En 2001 elle a rejoint l’équipe du spectacle Stomp et participé à différents projets dont la première partie de la chanteuse Camille, fut invitée au Joyce Theater (New-York) pour le New York City Tap festival et à l’opéra Comique de Paris pour un concerto de claquettes avec l’orchestre Lamoureux. Il est évident qu’elle occupe le plateau avec un naturel étonnant tout en maitrisant à la perfection toutes les facettes de son art.

Et puis, on distingue essentiellement la délicieuse et souriante franco-américaine Sarah Petronio née à Bombay en 1944, dont la sensibilité féminine et la technique des claquettes envoute toute la salle. Elle le connait le plateau, elle sait jouer avec le public, elle n’ignore rien sur le plan du jeu scénique et le prouve dans son duo avec Keith Terry. Ce qui est normal à la vue de son parcours puisqu’elle a dansé à travers le monde dans les plus grands festivals et avec les plus illustres musiciens de jazz. Elle brouille savamment les frontières entre la musique et la danse, possède une telle technique, une telle légèreté et une telle grâce que l’on ne voit plus qu’elle, une femme de 72 ans.

Pour la clôture de la soirée tous les artistes se sont rejoint sur la scène et le colombien Tupac Mantilla ainsi que l’espagnol Jep Melèdendez ont fait chanter tout le public et ce jusque dans le hall de la Maison des Métallos.

Cette soirée fut étonnante sur plusieurs points : Beaucoup de jeunes enfants dans la salle, un public totalement acquis et conquis qui avait auparavant suivi les stages et connaissait parfaitement bien les chants imposés en fin de spectacle, des artistes de tous horizons et surtout une géniale ambiance extrêmement chaleureuse.

Quand le corps parle, joue de la musique, danse, chante… les frontières explosent et seule la joie demeure.

Sophie Lesort

Body Music, dernière représentation le 26 octobre http://www.maisondesmetallos.org/

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