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« Dos » de Marco Delgado et Valentin Pythoud

Marco Delgado invite un porteur circassien à un pas de deux désinvolte, dans l’esprit ironique de Delgado Fuchs. Un délicieux décalage dans tous les sens. 

Ces deux-là pourraient se nommer Astérix et Obélix, Laurel et Hardy ou autres Marx Brothers. Marco Delgado, ce maigrichon à la chevelure hirsute et Valentin Pythoud, le baraqué chauve à la moustache d’antan nous amènent on ne sait trop où, dans les coulisses d’un cirque de la belle époque ou bien dans les plaisirs de quelques troubles délicieux. Les deux larrons qui s’exercent à quelques acrobaties un brin douteuses pourraient aussi bien sortir d’un conte montagnard que de l’équipe de foot d’un village gascon ou bien… d’un spectacle de Delgado Fuchs ! A la fin, Marco Delgado troque même sa tenue de sport contre un haut de forme et une veste noire, qui nous rappellent son duo iconique avec Nadine Fuchs, le célèbre Manteau long en laine marine porté sur un pull a encolure détendue avec un pantalon peau de pêche et des chaussures pointues en nubuck rouge, créé en 2007. 

Ce n’est pas parce que Marco crée Dos (faut-il le lire en espagnol ou en français ?) avec un acrobate porteur circassien qu’il se mettra à policer son univers décalé, créé avec Nadine au fil des deux ? trois ? décennies. Au contraire, s’il échange sa partenaire contre un sur-mâle au style suranné, et leurs gestes et postures faussement innocentes, leurs sifflements, onomatopées et autres sons de bouche défient tous les records d’autodérision. Il leur suffit par ailleurs d’entrer en scène et de se tenir debout, face au public pour faire rire. Avec rien donc, si ce n’est leur seule présence, et c’est quelque chose qui n’est donné qu’aux grands clowns ou autres performers arrivés à maturité. 

Bien entendu, ils ne s’arrêtent pas là. Ensemble ils narguent les images-type du sport, de l’acrobatie, de la sensualité et de la séduction. Marco Delgado n’a jamais été voltigeur au cirque, mais il s’envole à sa façon dans les bras du porteur. Ils dansent un tango et quand Marco se change, il dévoile soudainement une part de féminité insoupçonnée. L’ambiance de transgression sensuellement et esthétiquement libératoire trouve son écho dans une chanson folk-rock très 1970 d’Erkin Koray, vedette du rock anatolien de l’époque qui renforce encore l’impression de décalage flower-power de Marco face à l’ironie stoïque de Valentin, qui se sont rencontrés sous le regard de Nadine, précieuse collaboratrice artistique et garante du bon dosage en matière de naïveté malicieuse et désinvolte. 

Thomas Hahn

Festival Séquence Danse, Centquatre-Paris, le 17 mars 2022

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