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Alessio Carbone : « Nous sommes portés par l’enthousiasme ! »

Le soliste de l’Opéra de Paris présente, du 13 au 16 juin au Théâtre de Paris, un spectacle exceptionnel qui réunit sa troupe des Italiens de l’Opéra, et les Stars of American Ballet dirigées par le principal dancer Daniel Ulbrich. Entretien.

Danser Canal Historique : Comment est né le groupe des Italiens de l’Opéra de Paris ?

Alessio Carbone : Un peu par hasard. Il y a trois ans, en novembre 2016, on m’a proposé un gala à Venise, ma ville natale où je n’avais jamais dansé. Compte tenu du budget très modeste qui ne permettait pas une grosse production, j’ai imaginé de réunir sur scène mes camarades et compatriotes de l’Opéra. Sur les seize danseurs étrangers du Ballet, il y a onze Italiens. La représentation a eu un grand succès et nous a valu ensuite plusieurs propositions. L’été suivant, nous avons participé au festival de Ravello, et depuis, nous avons tourné en Espagne, au Brésil, en Nouvelle Calédonie, au Japon… Je suis ravi que cela se passe comme cela, même si j’ai dû apprendre du coup un nouveau métier !

DCH : D’où est venue l’idée de joindre à votre troupe celle des Stars de l’American Ballet ?

Alessio Carbone : Au festival de Ravello, j’avais fait la connaissance de Daniel Ulbrich qui était invité avec ses danseurs. Nous avions évoqué alors combien ce serait formidable de pouvoir un jour danser ensemble. Lorsque Lisa Martino, responsable du Paris de la danse, a souhaité programmer Les Italiens de l’Opéra, j’ai très vite eu le désir de réunir pour la première fois les deux groupes sur scène, afin d’offrir au public parisien quelque chose de plus ambitieux encore que nos représentations habituelles. Il nous a fallu ensuite trouver des sponsors de part et d’autre de l’Atlantique pour financer les déplacements des dix Américains, ce qui a été un énorme travail. Mais nous sommes portés par l’enthousiasme et tout le monde y a mis du cœur.

DCH : Comment avez-vous choisi le « menu » de ces soirées ?

Alessio Carbone : Concernant le NYCB, Daniel m’a fait des propositions et j’ai choisi en essayant de privilégier des pièces basées sur une autre musicalité que les nôtres, afin de mettre en valeur les spécificités de l’école américaine. Pour le programme des Italiens de l’Opéra, ce sont des extraits qu’ils ont déjà dansés et qu’ils possèdent parfaitement. J’aurais voulu insérer plus de classique pur, comme des variations de La Belle au Bois dormant ou de Casse-Noisette. Mais pour des questions de planning c’était trop lourd, en raison notamment des tournées en cours à l’Opéra, qui reste notre premier employeur, ainsi que des répétitions pour les prochaines créations de Mats Ek à Garnier (où Alessio Carbone est lui-même distribué dans Another Place). Pour cette raison, chaque danseur ne danse qu’un seul pas de deux et j’ai moi-même renoncé à être sur scène, afin d’être disponible pour gérer au mieux l’ensemble des soirées.

DCH : Quelles sont les différences entre les deux programmes, A et B ?

Alessio Carbone : Ils ont été conçus l’un et l’autre comme un moment d’enthousiasme et de partage avec le public, qui j’espère sera là pour nous soutenir. Mais chacun est différent et avec Daniel, nous avons fait en sorte qu’aucune pièce ne soit proposée deux fois. L’unique séquence commune sera celle des saluts, qui réunira tous les danseurs et que j’ai réglée sur la musique (Czerny) du final d’Etudes de Lander. J’aurais voulu aussi faire une entrée, mais faute de temps ça n’a pas été possible. Dans chaque soirée, le public pourra découvrir des pièces qui mettent en valeur la diversité de techniques et d’approche de l’école américaine et de l’école française. Lorsque des amis me demandent conseil pour savoir laquelle choisir, je ne peux pas répondre : les deux sont excitantes et la seule solution est de venir deux fois !

DCH : Avez-vous des projets d’avenir pour vos Italiens ?

Alessio Carbone : Initialement, je voulais programmer beaucoup de petits ballets de groupe, notamment ceux de Simon Valastro qui est aussi chorégraphe (il a fait partie de l’Académie mise en place par Benjamin Millepied et a créé des pièces pour l’Opéra). Mais nous sommes d’abord des danseurs de l’Opéra, ce qui nous demande déjà beaucoup d’énergie. Je songe maintenant plutôt à essayer de trouver un fil conducteur pour présenter notre répertoire, peut-être en m’appuyant sur les personnages de la comedia dell’arte qui illustrent notre italianité. Il faut aussi prendre en compte la question de notre effectif forcément limité, surtout quand il y a des blessés. Aussi, il nous arrive régulièrement de faire des spectacles avec des guests non italiens (par exemple à Ravello avec Marie-Agnès Gillot) ou de nous produire en version ‘internationale’ avec d’autres danseurs, comme récemment à Barcelone. Nous avons par exemple le projet de remercier nos amis américains de leur venue à Paris en leur rendant la pareille prochainement à Washington. Ce qui est particulièrement positif, c’est que tous les danseurs du groupe non seulement continuent avec nous, mais aussi évoluent et progressent dans leur carrière à l’Opéra. Ca me donne l’énergie de continuer !

Propos recueillis par Isabelle Calabre

Théâtre de Paris dès 18 €

Italiens de l’Opéra :

Valentine Colasante, Bianca Scudamore, Letizia Galloni, Ambre Chiarcosso, Sofia Rosolini, Paul Marque, Francesco Mura, Simone Valastro, Andrea Sarri, Antonio Comforti, Giorgio Foures.

Stars of American Ballet :

Indiana Woodward, Teresa Reichlen,  Megan Fairchild, Sterling Hyltin, Ask La Cour, Tyler Angle, Gonzalo Garcia, Joseph Gatti, Daniel Ulbrich.

 

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