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« La Ciudad de los Otros » de Rafael Palacios

La compagnie Sankofa Danzafro raconte sa vie sans répit dans une chorégraphie d’une énergie flamboyante.

Le chorégraphe et danseur colombien Rafael Palacios, directeur de la compagnie Sankofa Danzafro, affirme avoir trouvé son identité d'afro-descendant à travers la danse, une passion qui l’anime depuis ses cinq ans et qui fera de lui un militant de la cause chorégraphique et de la reconnaissance des populations afro-descendantes en Colombie. Car, contrairement à nos idées reçues qui imaginent ce pays peuplé d’Hispano-descendants et d’Améridiens, « la Colombie héberge la deuxième population noire d’Amérique latine après le Brésil » explique Palacios. Mais c’est en tant que danseur du Ballet National de Colombie, qu’il parcourt18 pays d'Afrique, et rencontredeux des légendes de la danse contemporaine de ce continent, la Sénégalaise Germaine Acogny et la Burkinabè Irène Tassembedo. C’est avec elles qu’il apprend à mélangerles contextes urbains et traditionnels des danses afro-colombiennes avec diversestechniques, construites notamment à partir des propres expériences des danseurs sur scène.Après quoi il retourne dans son pays et fonde en 1997 la compagnie Sankofa (« retour aux racines » dans la langue du peuple Akan au Ghana). Presque une révolution culturelle !

Galerie photo © Laurent Philippe 

La Ciudad de los Otros (La ville des autres) a été créée dans le contexte des 150 ans de l'abolition de l'esclavage en Colombie, en 2010. Mais l’idée du chorégraphe était de transmettre cette culture afro-colombienne toujours menacée de disparaître (la compagnie attend toujours d’avoir un lieu de travail !) et en la liant au présent, avec la situation des afro-descendants à Medellín car « l’accès à l’emploi, à l’enseignement universitaire et à un logement digne sont compomis quand on porte un patronyme révélateur de l’appartenance à la communauté noire ». Vêtus tels des employés de pantalons et chemises dûment cravatées, les douze danseuses et danseurs accompagnés de trois musiciens de Sankofa Danzafro, traduisent avec véhémence leur quotidien. Sur un rythme puissant, la danse aborde avec une énergie inépuisable les difficultés d’une vie urbaine, évoquées plutôt qu’assénées. Car ce qui ressort en premier lieu c’est une joie de vivre à tout casser, une danse qui ne fait pas dans la demi-mesure, mais se lance à fond dans les figures les plus virtuoses, enchaîne avec une célérité vertigineuse des jeux de jambes ahurissants sur des percussions qui ne relâchent jamais la pression. Et pourtant, leurs luttes et leurs espérances transparaissent dans ces danses des chaises à la cadence militaire, leur rage s’affirme par des sauts presque miraculeux, leur résistance par ces murs qui s’élèvent pour les bloquer ou les enfermer et contre lesquels ils se battent à coup de tours impétueux influencés par la capoeira.

Galerie photo © Laurent Philippe 

Tout est dit sans jamais céder à une mode qui consisterait à injecter une forme de vocabulaire contemporain à l’occidentale pour rendre la danse plus abstraite, ou plus « cérébrale ». Et c’est un vrai tour de force. A aucun moment Rafael Palacios ne renonce à cette identité plurielle, à sa vision d’une danse multiculturelle et diversifiée mais ancrée dans ces corps afro-descendants de l’Amérique latine qui ont une gestuelle totalement singulière et originale pour nous. Sans oublier la personnalité de chacun des interprètes mis en valeur dans des solos époustouflants qui rendent ce groupe de quinze individus – plus encore que danseurs – profondément attachant.

Agnès Izrine

Vu le 20 mars au Théâtre de la Ville, Les Abbesses, Paris.

En tournée

Le 2 avril à Château-Rouge, Annemasse
Les 5 et 6 avril au Pavillon Noir, Aix-en-Provence
Les 13 et 14 avril à Ténérife, Espagne.

Distribution

ChorégraphieRafael Palacios,Sankofa Danzafro
Lumière, scénographie et direction technique Álvaro Tobón
Avec Yndira Perea, Camilo Perlaza, Vanesa Mosquera, Diego de los Ríos, Piter Angulo Moreno, Liliana Hurtado, Armando Viveros, Raitzza Castañeda, Estayler Osorio, Andrés Mosquera, Maryeris Mosquera & les musiciens Gregg Anderson Hudson, Jose Luna Coha, Feliciano Blandón Salas.

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