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La 37e édition de Mimos

La nouvelle édition du festival des Arts du geste met le focus sur le corps politique.

Cette nouvelle édition, tournée vers le renouvellement, met l'accent sur le vivre ensemble et introduit quelques nouveautés, dont un village du festival à proximité de l’Odyssée, village ouvert du matin au soir où circuleront paroles, idées, nourriture et boissons.

Si le Off offre au public festivalier et familial un bouquet d’acrobaties et de divertissements burlesques hauts en couleurs, le In interroge le vivre-ensemble et présente plusieurs compagnies sans lesquelles l’histoire de Mimos ne serait pas la même.

On retrouve en effet Nicole Mossoux et Patrick Bonté qui présentent l’une de leurs dernières créations. Satire mordante des troubles du comportement liés à nos modes de vie, A Taste of Poison était aussi la première création pour la scène s’attaquant directement à l’état des USA suite à l’élection de Donald Trump. (lire notre critique)

Il y a une pensée comparable derrière Vitrines en cours… de la compagnie Volubilis, avec leurs actions chorégraphiques et critiques qui se déroulent, toute une journée durant, de l’ouverture à la fermeture des magasins, dans certaines vitrines du centre-ville. Les commerçants périgourdins qui se plaignaient de ne plus voir grand-chose du festival seront enfin servis. Mais ils devront faire face à la critique lucide du culte de la consommation, orchestrée par la chorégraphe Agnès Pelletier.

Il faut cependant dire que Mimos n’est plus autorisé à occuper les rues comme avant. En raison du « Plan Vigipirate », les spectacles du Off doivent se dérouler majoritairement dans des espaces fermés comme des cours d’écoles. Encore un défi à relever pour la nouvelle directrice…

Si besoin est, dans les discussions avec les représentants des tutelles, de décoder les signaux non-verbaux de ceux-ci, voilà un autre artiste clé de Mimos pour lui donner les clés avec sa conférence-spectacle Ces corps.com. Il s’agit d’Yves Marc, cofondateur avec Claire Heggen du Théâtre du Mouvement, cette référence absolue dans le théâtre gestuel. Il décortique ici le langage corporel inconscient qui est présent dans tous nos actes et échanges. Ces spectacles-conférences sont devenus un véritable classique de Mimos.

Mimos #37 offre aussi une belle vitrine à Raphaëlle Boitel. La chorégraphe circassienne (L’Oubliée -lire notre critique5èmes Hurlants) présente son solo La Bête noire, où elle interroge nos atavismes et nos traumatismes. Une petite forme certes, mais sans elle, son grand spectacle La chute des anges, pour huit interprètes, présenté sur la grand plateau de L’Odyssée, n’existerait pas. Boitel y mélange cirque, danse, théâtre et arts visuels pour imaginer une humanité du futur, après la destruction de l’écosystème ou un autre désastre.

Effervescence espagnole

On retrouvera avec grand plaisir Mulier, l’impressionnant ballet de cinq Carmen sur échasses de la compagnie espagnole Maduixa, un ballet de combat qui revendique haut et fort un statut de puissance pour la femme en évoquant usines, champs ou tâches ménagères. Mais en 2017 le spectacle avait lieu en extérieur (lire notre critique). La compagnie revient ici avec la version pour la scène, où la force des échasses résonnera de façon plus fulgurante encore, soutenue par une création lumières sophistiquée qui met les danseuses en valeur, dans la ligne même des revendications de Mulier.

La thématique du corps engagé et politique culmine de façon vibrante, voire terrifiante, dans l‘évocation par la compagnie Insectotropics, de Mohamed Bouazizi, dont nous connaissons peu le nom mais d’autant plus son acte final, celui qui déclencha les révolutions dans le mays arabes, en 2011. Bouazizi s’immola par le feu. The Legend of Burning Man est un spectacle gestuel, visuel et multimédia où se croisent le corps, la vidéo et la peinture en direct et les arts plastiques. Et cette compagnie est espagnole, comme Maduixa et d'autres encore.

Otradanza, par exemple. Leur duo Rito renoue avec le cercle sacré et la terre dans son état le plus immédiat. La compagnie qui vient d’Alicante s’inspire ici de l’antiquité grecque et rites des peuples originels du Mexique. Ils nous embarquent pour un voyage au cœur de notre mémoire collective et reptilienne.

Rito pourrait bien éclairer de son regard intemporel le quatuor Brut de Marta Torrents, où il est question des relations contemporaines dans le couple ou entre amis. Torrents vit certes à Toulouse où elle s’inscrit dans les recherches du cirque contemporain. Elle n’en est pas moins Catalane.

En revanche, le nom de la compagnie Marie de Jongh semble nous diriger vers des régions néerlandophones, mais la compagnie est aussi espagnole que son directeur Jokin Oregi. Mais il faut dire aussi que leur théâtre de clown masqué s’inscrit dans la même sensibilité que celui des Allemands de Familie Flöz ou Habbe & Meik.

Sans oublier que le jour de l’ouverture, on verra la danse escalade de la compagnie barcelonaise Delrevés (à l’envers en catalan), un trio qui chamboule la danse, de 90° exactement, pour redéfinir ce que l’on peut considérer comme un pas de trois dans un programme de gala. Du ballet comme on le l’a jamais vu !

Thomas Hahn

Du 23 au 27 juillet à Périgueux

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