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« Grease », au Théâtre Mogador

Même sans l’avoir vraiment vu, chacun connaît le film Grease de Randal Kleiser. Sortie en 1978, cette adaptation cinématographique du musical du même nom, créé à Broadway six ans plus tôt, porta au firmament des stars le couple John Travolta - Olivia Newton-John. Elle réunit en France près de six millions de spectateurs, un record jamais atteint par une comédie musicale. C’est dire si l’arrivée au Théâtre Mogador - heureusement remis de l’incendie qui a en partie ravagé ses ateliers de décor l’an dernier - de cet immense succès populaire est une heureuse nouvelle, et un vrai défi.

Ouf, la production du groupe Stage Entertainment tient ses promesses et offre chaque soir à un public ravi un concentré pétillant d’entertainment à l’américaine. Dans une mise en scène originale due à Martin Michel, Tim Van der Stratten et Véronique Bandelier, les deux amoureux Sandy et Danny évoluent sans faux pas au milieu de leurs condisciples du Rydell High School, icarnation type d’un lycée US des années soixante. Côté costumes, les jupes corolles pour les filles et la panoplie jeans-blousons-gomina pour les garçons sont au rendez-vous, tandis que les décors évoquent avec habileté l’intérieur d’un dinner ou le bal annuel du lycée. Le tout dans une palette chromatique qui varie du jaune citron au rose fuchsia en passant par les dégradés de vert, mauve et bleus du nuancier alors en usage.

Galerie photo © Alessandro Pinna

Pas de fausse note, donc, ni de faute de goût dans un spectacle mené avec allant par une troupe impeccable de jeunes artistes très convaincants. Mention spéciale au duo vedette interprété par Alyzée Lalande et Alexis Loizon, malgré les quelques petits problèmes de justesse de ce dernier à la fin de la représentation du 9 novembre.

Le reste de la troupe ne démérite pas, en particulier Emmanuelle Nzuzi qui révèle dans le rôle de Betty Rizzo un beau tempérament dramatique. En revanche, les intermèdes entre Miss Lynch, la proviseure du lycée, et le binoclard élève Eugène intercalés entre les différents tableaux ne font pas toujours mouche et ralentissent l’action. Quant aux chansons, dont beaucoup de tubes, elles sont selon le cas traduites en français, en totalité, partiellement ou chantées en V.O., accompagnées par un orchestre live en surplomb de la scène. Les chorégraphies, virevoltantes et exécutées avec brio, restituent parfaitement l’ambiance du film et de l’époque.

D’où vient que, alors, la magie ne fonctionne pas aussi bien qu’on l’espérait ? Pas de la qualité de la production, soignée et réussie. Mais bien de la pièce elle-même, dont l’argument, dans un monde post 11 septembre et 13 novembre, résonne de façon quelque peu décalée. Difficile de se passionner pour les émois post-pubères d’adolescents américains des roaring sixties, même traduits dans un français qui sonne par ailleurs un peu trop 2017. Difficile aussi de ne pas hausser de temps en temps le sourcil aux répliques un tantinet datées quant aux rapports homme - femmes et au statut de ces dernières… Même dans le monde enchanté du musical, le XXIe siècle, ses drames et ses mises au point ont depuis changé la donne.

Isabelle Calabre

Vu le 9 novembre 2017

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