« Babel 7.16 » de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet
Sidi Larbi Cherkaoui est présenté comme flamand-marocain. Chorégraphe. Dessinateur. Végétalien. Homosexuel. Enfants des banlieues. Directeur artistique du Ballet royal de Flandres et de sa compagnie Eastman, un être multiple donc qui collabore ici avec Damien Jalet plus simplement danseur et chorégraphe franco-belge.
Dans cette re-création pour la Cour d’honneur du Palais des Papes d’une pièce datant de 2010, les chorégraphes ont voulu démontrer que la mixité des cultures artistiques différentes peut s’exprimer plus aisément par le langage du corps.
Pour Sidi Larbi Cherkaoui, « Le corps est un instrument de communication, il exprime toutes les vérités possibles », la danse, « permet de trouver un langage commun ». Pour cela ils ont réunis des danseurs de dix-sept langues différentes et des musiciens de trois origines éloignées les unes des autres, des musiques médiévales italiennes, des musiques du Rajasthan et des musiques traditionnelles japonaises jouées en direct.
Galerie photo © Laurent Philippe
Cet assemblage prend son sens réel lorsque les éléments de scénographies, de grands cadres métalliques rectangulaires signifiant les cinq continents, se chevauchent et s’emboitent pour figurer à un moment donné une tour de Babel. Cette mixité est totalement réussie sur le plan musical. L’univers sonore de cette pièce faite de chants indiens et italiens et de tambours japonais restera pour longtemps dans la mémoire sensorielle du public, la musique habite de façon magistrale cette cour mythique.
Galerie photo © Laurent Philippe
En première partie et à la fin du spectacle l’énergie, la précision des gestes et des mouvements sauvages puis tendres des danseurs sont impressionnant de qualité. Mais à quoi bon vouloir pour ce spectacle d’une heure quarante exprimer le pluralisme par un texte et un jeu d’acteur si faible. Que cela soit dans des scènes de groupe, par exemple un emblématique passage de chaque danseur de nationalités différentes à un contrôle d’aéroport ou des confessions individuelles de chacun qui frisent également la caricature.
Galerie photo © Laurent Philippe
Bien que réelles et vécues ces parcours d’individus de provenance différente sonnent faux, dans, selon les chorégraphes, « Cet espace à partager » qu’est la cour d’honneur. Lorsque la danse est présente, cette œuvre qui traite « De cette relation entre le territoire et la langue » est superbe. Lorsque l’expression verbale domine l’on s’ennuie fermement et ce malgré un réel succès public lors de la dernière représentation.
Jean Couturier
Avignon festival In
Cour d’honneur du Palais des Papes à 22 h du 20 au 23 juillet.
www.quaternaire.org
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