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La 12e édition de Séquence Danse Paris

Pour sa 12e édition, Séquence Danse Paris, rendez-vous incontournable de la saison du CENTQUATRE-PARIS, revient avec seize spectacles qui rendent compte de la vitalité de la danse contemporaine et des singularités de la création chorégraphique.

C’est donc un festival de danse très éclectique qui nous propose une plongée dans l’art chorégraphique au sens large et qui s’autorise à mélanger allègrement la simplicité hypnotique de Fase Four Movements to the Music of Steve Reich chef-d’œuvre signé Anne Teresa De Keersmaeker datant de 1982 avec la toute dernière création de Youness Aboulakoul, Ayta, un genre musical marocain qui n’a rien à voir avec la musique répétitive américaine mais est un appel à la protestation, une manifestation portée par six interprètes engagées dans un mouvement collectif. Mouvement collectif également, le spectacle qui ouvre le festival, Gravitropie (Une somme de désordres possibles) pour cinq intrerprètes-acrobtates, de Naïf Productions joue sur la nécessaire solidarité du groupe pour tenir une verticale, tenir sans succomber à l’adversité.

Au fond, cette idée de résistance et de collectif pourrait presque être un thème dans cette Séquence Danse. Car c’est aussi un peu le cas de Save the Last Dance for me d’Alessandro Sciarroni, qui sauve de l’oubli la polka chinata, une danse populaire traditionnellement performée par des hommes, dans une étreinte presque acrobatique, ou encore de C A R C A Ç A de Marco da Silva Ferreira dans lequel les danseurs et danseuses, forment un collectif en recherche d’une identité au sein d’une communauté neuve et inclusive. La danse est ici pensée comme un outil de recherche sur la communauté, la mémoire et la cristallisation culturelle.

On retrouve, bien sûr, cette idée dans l’inévitable Maldonne de Leïla Ka, où sororité, révolte, pleurs, euphorie et joie traversent une écriture chorégraphique percutante (lire notre critique). Très collectif aussi, l’Ensemble Chorégraphique du Conservatoire de Danse de Paris (CNSMDP) qui interprète deux pièces emblématiques de chorégraphes aussi différents que Lucinda Childs (Concerto, 1993) et Hofesh Shechter (tHE bAD2021), ainsi qu’une création de Tamir Golan, Cellophane.

Mais on pourrait tout aussi bien choisir, une thématique autour la danse hypnotique et la fascination du regard, toujours en partant de Fase, et en approfondissant ce propos par Elvedon de Christos Papadopoulos et ses boucles electro qui pulsent les corps de six interprètes, tous entraînés dans une vague d'ondulations et de subtils glissements successifs ; ou par 30 appearances out of darkness d’Arno Schuitemaker une performance captivante et immersive, d’où émergent des images, des corps et des mouvements à peine éclairés, dont la lecture est d’autant plus enivrante qu’elle est perturbée. Ou encore cette femme aux mille visages reine solitaire, élisabéthaine ou amazone, sorcière ou mère-monde révélée dans Les mémoires d’une Seigneure d’Olivier Dubois, avec quarante danseuses amatrices.

Ou placer le focus sur la limite entre danse et cirque qu’explorent Gravitropie déjà cité, mais aussi Foreshadow d’Alexander Vantournhout (lire notre critique), et bien sûr Ode de Chloé Moglia qui déploie un dialogue étonnant entre la pensée et le geste dans ses suspensions mystérieuses. 

Mais il ne faudrait pas oublier les curiosités que sont Nice Trip (lire notre critique) qui réunit le même Mathieu Desseigne et Michel Schweizer, ou Hadra d’ Alexandre Roccoli qui relit le même Youness Aboulakoul à son frère, Yassine (lire notre critique).

Enfin, une manifestation se glisse à l’intérieur de cette Séquence Danse : C’le chantier un format gratuit d’ouverture au public. Il permet de découvrir le travail d’artistes en résidence et de les rencontrer. Cet événement comprend lui-même un focus sur la jeune création brésilienne, et un autre sur la scène chorégraphique suisse. Plus la Cantate / 2 de Louis Barreau, deuxième volet de sa série sur les cantates de Bach.

Difficile de ne pas trouver son bonheur dans une programmation aussi touffue.

Agnès Izrine

Festival Séquence Danse Paris, du 5 mars au 6 avril 2024.

Image de preview : "Gravitopie" - Naïf Productions © Blasco

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