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Hervé Robbe à l'honneur !

Mobilisant pour un mois les espaces publics du Centre National de la Danse – en même temps qu’une programmation à Chaillot-Théâtre National de la Danse – Chemin dansants / (RE)collection Hervé Robbe, hommage et rétrospective à l'actuel directeur du projet pédagogique de la Fondation Royaumont, mérite amplement le qualificatif de Temps Fort que lui attribue le CN D. 

Hervé Robbe est ainsi l'objet d'une mise en lumière exceptionnelle. « Je suis très chanceux. Ce retour sur mémoire vient conclure un parcours de chorégraphe en compagnie, avec le dépôt des archives. C'est un répertoire, c'est certain, mais je suis très content et très ému » reconnaît le chorégraphe. 

Il est vrai que l'on ne parle pas beaucoup d'Hervé Robbe, alors que depuis la fin des années 1980, le chorégraphe est à la pointe de chaque grand mouvement de la création chorégraphique en France. C'est effectivement une « personnalité exigeante, discrète, inlassablement convaincue de la force d’expression du corps dansant » comme l'écrit le dossier du CND, qui en rajoute peut-être un peu trop dans l'hommage en complétant le propos d'un « défenseur de la danse pensée comme un terrain de jeu en perpétuelle transformation, inventeur de nouveaux espaces pour l’art chorégraphique et de rencontres avec les autres arts »… Encore un peu, et Hervé Robbe pèse plus que Cunningham et Forsythe réunis ! Le personnage est certes intéressant, tient effectivement une « place singulière au sein de l’histoire de la danse française des années 1980 à aujourd’hui », mais comme tout ce qui est excessif est insignifiant, il convient de n'en pas trop faire. Le parcours d'Hervé Robbe n'a pas besoin d'hyperbole pour être significatif de celui de son époque et l'intéressé note avec justesse : « ce qui est particulier avec les chorégraphes des années 1980, c'est qu'ils cumulent les traces d'un travail qui s'est accumulé. Cela constitue alors un patrimoine ». D'autres figures mériteraient une telle mise en lumière pour avoir été autrement moteur dans l'époque, comme Catherine Diverrès, ou, quoi que l'on en pense, Karine Saporta. 

Un esprit ronchon soulignerait que la présence d'anciennes danseuses de la compagnie Le Marietta Secret parmi les équipes dirigeantes du CND aurait un peu fait perdre le sens des proportions à tout cela. Mais l'esprit ronchon doit néanmoins s'incliner devant la qualité de l'hommage rendu.

L'exposition tient l'équilibre entre l'architecture et les arts plastiques, ce qui, compte tenu de la formation du chorégraphe, n'est pas malvenu, profitant que les archives de la compagnie ont été déposées séant, pour montrer dossiers de créations (celui de Factory-1993 est particulièrement nourri et passionnant) et documents originaux. L'ensemble manque un peu de mise en perspective au regard de ce que produisait la danse par ailleurs. Cela aurait permis de replacer les grandes périodes de la carrière d'Hervé Robbe dans le cadre plus vaste des débats qui marquent le passage de la Jeune Danse à la Non Danse et la fin d'icelle, quoi qu'Hervé Robbe se défende en soulignant qu'à travers toutes ces étapes, il a « toujours été dans un rapport de transversalité, mais toujours avec le désir de produire du mouvement, du geste, de mettre la danse au cœur du sujet ». 

La partie « formation » manque un peu dans l'exposition et si Béjart et son Mudra sont à peu près connus, un éclairage sur le Ballet du Nord et Alfonso Cata, seul directeur de ballet d’origine balanchinienne à l’époque, aurait eu un sens. Robbe n'a jamais renié cet héritage : « c'est une grande expérience d'avoir traversé les pièces de Balanchine » reconnaît-il et ce « substrat » se retrouve au début du parcours – dans l'histoire courte des enfants de la place Hébert (1988) – mais encore beaucoup plus tard, quand Hervé Robbe revient au plateau après une période où il a surtout travaillé sur des installations, avec Là on y danse (2007). Mais ce focus sur la période de création est clairement assumé par le chorégraphe.

Pour le reste, il y a les programmations, et autant Remix  Factory 93/23 au CN D (malgré que le grand studio ne soit pas le lieu idéal pour présenter cette œuvre) que In Extenso à Chaillot témoignent que l'hommage se justifiait. 

Philippe Verrièle

In Extenso / Danses en nouvelles à Chailot  : Lire notre critique 
Remix Factory 93/23 au CN D : Lire notre critique 

 

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