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Bio : Hervé Robbe

Au moment où il annonce partir en retraite et qu'il fait l'objet d'une attention plus que particulière, il faut rappeler que le parcours d'Hervé Robbe est beaucoup plus original que son curriculum vitae parfait ne pourrait le faire croire. D'abord, il est né à Lille le 30 septembre 1961, troisième d'une famille de six, père ouvrier chez Peugeot, mère secrétaire avant qu'elle ne reste à la maison. Hervé Robbe est donc à la fois légèrement plus jeune que ses confrères de la Jeune Danse et surtout ne vient pas de ces rives de la Méditerranée qui ont tant marqué la danse des années 1980. 

Il s'engage d'abord dans des études d’architecture tout en suivant des cours de danse en amateur au conservatoire de sa ville. Mais la danse l'emporte sur l'architecture – du moins pour l'instant car cette préoccupation reviendra dans les recherches du chorégraphe – et il interrompt ses études pour entrer à l'école Mudra de Maurice Béjart et trouve son premier engagement au Ballet du Nord que dirige alors Alfonso Cata en 1983. Mais il aspire à autre chose. Il est engagé pour la création du Cœur Métamorphosé (1986) de Karine Saporta. Il n'y reste pas et rejoint la compagnie de Claude Brumachon, tout en créant la sienne, Le Marietta Secret. En 1987, il participe au tournage du film tiré de Codex de Philippe Decouflé et poursuit une carrière d'interprète à Bruxelles avec Roxane Huilmand. En 1988 le trio Histoire courte des enfants de la place Hébert, présenté au Théâtre Contemporain de la Danse (TCD), lui vaut quatre commandes pour l'année 1989 : Ignudi IgnudeAntichambreSolo pour Nijinsky et Flowers for Madam. Carrière lancée, d'autant qu'en 1990, deux créations successives construites sur les principes de l’esthétique baroque Assaï Vivace et Appassionata confirme son talent. La course ne ralentira pas : commande pour les festivals, les compagnies étrangères (Ballet Rambert, Batsheva Dance Company), résidences dans des lieux reconnus (chorégraphe résident du Quartz de Brest de 1995 à 1998). Il s'intéresse alors à la machine du corps (De humani corporis fabrica, Avignon 1992) ou des objets (Factory, collaboration avec le sculpteur Richard Deacon, 1993). Cette dernière pièce connaît un écho très important. En 1999, la nomination d'Hervé Robbe comme directeur du Centre chorégraphique national (CCN) du Havre Haute-Normandie. à trente-sept ans, parachève un parcours éclair, sorte de success-story de la jeune danse française.

Au CCN, alors que se développe la contestation de la « Non danse », le travail d'Hervé Robbe change et interroge alors l’architecture et les formes expérimentales. En 2000, il explore la thématique de la maison avec Permis de construire - Avis de démolition diptyque composé d’une installation et d’un spectacle, puis appréhende en 2002, celle du jardin avec Des horizons perdus.

Dans un univers construit d’écrans, réceptacles de corps virtuels, évocateurs de la mort, il engage dans le duo << REW (2003) , un dialogue entre l’homme et la femme sur le thème du suicide. En 2004, il renoue dans la pièce de groupe Mutating score, avec l’occupation commune par le public et les danseurs de l’espace scénique. Cette pièce-installation, tout en réaffirmant sa conviction à l’égard de la force du mouvement, marque l’aboutissement d’un travail sur l’utilisation des nouvelles technologies. Hervé revient cependant « au plateau du théâtre » pour Là, on y danse (2007), pièce tissée de références à Balanchine, style qu'il a côtoyé quand il dansait au Ballet du Nord. 

En juin 2012 à l'issue de son mandat à la direction du CCN du Havre Haute-Normandie, il prend la direction artistique du programme « Recherche et Composition Chorégraphique » de la Fondation Royaumont. Il y succède à Myriam Gourfink qui avait elle-même pris en 2007 la direction de ce programme inventé par la chorégraphe Susan Buirge en 2000. Il fonde également une nouvelle structure de production nommée Travelling & Co. S'affirmant « sans chapelle artistique » (dans un article du Monde), il assume effectivement un « brassage des gens et des styles » qui s'éloigne un peu de ses recherches précédentes. « Je tente de casser les frontières entre les différentes familles. Je collabore avec des performeurs hip-hop, des interprètes plus académiques venant des conservatoires ou encore des chorégraphes de différents horizons. » Alors qu'il arrive à la fin de cette aventure, il souligne volontiers : « la pédagogie a occupé une place centrale dans tout mon parcours. Dès le début, on m'a demandé d'intervenir pour des commandes à destination de groupes d'étudiants, pour des formations. Il faut replacer cela dans l'importance que j'ai accordée à la transmission. Beaucoup des interprètes avec lesquels j'ai travaillé sont eux-mêmes devenus chorégraphes. Peut-être parce que j'ai le goût d'impliquer les gens dans le processus de création. Cela a peut-être encouragé des danseurs dans la possibilité de créer ». Attentif à la dimension pédagogique, Hervé Robbe l'est aussi dans ses collaborations avec le Conservatoire national supérieur de musique et de danse (CNSMD) de Paris ou de Lyon, le CNDC d'Angers ou le groupe Coline, proposant des projets de relectures (Grand Remix « La Messe pour le temps présent », 2017), ou des créations, ainsi qu’à des jeunes interprètes de s'immerger dans son univers (Remix Factory 93/23).

Depuis 2007, quand il réalisait avec le vidéaste Vincent Bosc, Vaguely Light 01, l'une de ses préoccupations artistiques était de proposer des rencontres entre danse et images filmées, présentées en installation, voire, pour les films Un appartement en centre ville et Une maison sur la colline, en parallèle d’une version plateau (Next Days). Un dialogue vivant et une pluridisciplinarité à l’œuvre qui a contribué à décloisonner ses pratiques et élargir ses champs de compétence, porté par élan créatif nouveau. Ce travail a suscité des partenariats avec des écoles d’art, des départements universitaires, des pôles images. Il a permis une présence de la danse dans des réseaux élargis, musées, centres d’art, festivals multimédias (IRCAM, Le Centre Pompidou, Le Fresnoy, MUMA le Havre, La biennale Arts Le Havre, Numeridanse.tv, Fondation Cartier). 

Il doit laisser la direction de Royaumont à la fin de l'année 2024. 

PV

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