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32ème édition du Temps d’Aimer la danse !

Du 8 au 18 septembre, Biarritz et ses alentours vont vivre de belles aventures chorégraphiques.

Pour cette nouvelle édition du Temps d’Aimer, le festival s’inscrit dans la continuité d’une programmation éclectique (28 compagnies accueillies) avec une forte présence dans la ville (gigabarre, répétitions publiques et spectacles en plein air), des compagnies en itinérance dans la Communauté Pays Basque et un nouveau lieu dédié à tous les rebonds : le Plaza Berri qui accueille des stages, bal, dj set…

Des compagnies internationales à celles du territoire, des grandes formes aux solos, des noms confirmés aux jeunes artistes à découvrir, le festival affiche une pluralité d’esthétiques, une diversité d’univers et de propositions à l’image des programmes des six ballets accueillis. 

Avec un Focus autour des Caraïbes (spectacles et rencontres), deux productions de Flamenco en collaboration avec la biennale de Flamenco de Séville, des créations, des collaborations avec la Scène nationale du Sud-Aquitain, l’Atabal et le festival Ravel autour de spectacles musicaux, Thierry Malandain renouvelle d’année en année son désir de partager la danse avec tous les publics.

Ouverture le 8 septembre avec Mythologies d’Angelin Preljocaj. Deux représentations d’une pièce d’envergure qui ausculte nos rituels contemporains et nos mythes fondateurs en réunissant dix danseurs du Ballet de l’Opéra National de Bordeaux et dix danseurs du Ballet Preljocaj, sur une composition originale de Thomas Bangalter (moitié du célèbre ex-duo Daft Punk). (Lire notre critique

Les créations et premières en France

La création de Martin Harriague, Strarlight est aussi jouée deux soirs de suite. Seul en scène, entre danse et concert, il créé pour le festival une pièce intime dans laquelle il pose cette éternelle interrogation : d’où vient l’inspiration ? Toujours là où on ne l’attend pas, le danseur, musicien et chorégraphe va, une fois plus, surprendre le public. Il est aussi programmé la semaine suivante avec le Collectif Bilaka, composé de danseurs et musiciens basques, pour poser leurs regards sur cet évènement décisif de l’histoire européenne qu’est le bombardement de Guernica. Bouleversant et édifiant.

À contre-courant des modes, amoureux inlassables et prolixes de la danse, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche créent Les élucubrations de Toinette. Inspirés par l’irrésistible servante du Malade imaginaire, les deux chorégraphes dessinent cette femme universelle, désopilante et dynamique qui énergise, sous des noms multiples et fantasques, l’œuvre de Molière.

Création aussi de Monsieur VS/ou/+/=Madame. Naviguant entre Ouagadougou et Bordeaux, les chorégraphes Auguste Ouédraogo et Bienvenue Bazié, entourés de danseurs, d’un slameur et d’une chanteuse, puisent dans les valeurs des troubadours pour questionner l’ancrage de la condition féminine.

Et aussi la promesse de paysages émotionnels avec Desde mis ojos, accueillie pour la première fois en collaboration avec la biennale de Flamenco de Séville qui signe le dialogue passionnant entre la flamboyante danseuse Eva Yerbabuena et le chorégraphe Juan Kruz Diaz de Garaio Esnaola.

Pour la première fois jouées dans l’hexagone : Dido Æneas Nus & Al du chorégraphe brésilo-néerlandais Samir Calixto qui s’inspire de l’opéra Didon et Enée dans un duo, pour en faire une réflexion sur notre place dans le monde. Lauréate remarquée de la première édition du Concours de jeunes chorégraphes de Ballet organisé à Biarritz, Xenia Wiest revient sur la scène qui l’a consacrée comme chorégraphe avec le Ballett X dont elle vient de prendre la direction. Avec Nacht ohne Morgen elle signe une pièce puissante portée par des danseurs virtuoses, que la chorégraphe dédie à tous les réfugiés de par le monde.

Dans le cadre du focus Caraïbes, la chorégraphe guadeloupéenne Chantal Loïal mène un dialogue captivant entre danses urbaines contemporaines et danses antillaises et guyanaises traditionnelles. Cercle égal demi-cercle au carré composée pour huit danseurs et cinq musiciens est un hymne vivifiant à la créolisation et au métissage artistique. (Lire notre critique)   

Entropie de Léo Lérus, chorégraphe guadeloupéen, ancien danseur de la Batsheva et assistant de Sharon Eyal porte avec élégance l’héritage caribéen à l’appui d’outils sans cesse affûtés. Une démarche qui le pose comme un créateur d’exception et captivant sur la scène contemporaine.

De 11 h à 21 h, le dimanche 11 septembre est riche en événements. Entre la gigabarre animée par Marie-Claude Pietragalla, une pléiade de spectacles se déroule Plazza Berri et autres lieux, ainsi qu’au théâtre Quintaou d’Anglet où Tumulus, la nouvelle pièce de  l’inclassable François Chaignaud qui s’allie au chef d’orchestre Geoffroy Jourdain pour une œuvre unique en son genre. Au plateau, treize artistes, danseurs et chanteurs, dessinent un tableau vibrant et charnel autour des polyphonies sacrées de la Renaissance.

Le soir, la compagnie Kukai Dantza célèbre ses 20 ans d’existence. Un anniversaire fêté avec le public que le chorégraphe Jon Maya, nouvellement artiste associé au Malandain Ballet Biarritz, entraine dans une déambulation accompagnée de l’Orchestre des jeunes d’Euskadi. 

Souvent invitée au Temps d’Aimer, Marie-Geneviève Massé joue avec le tempo des concertos de Jean-Sébastien Bach et Antonio Vivaldi pour conjuguer la danse baroque à tous les temps. Dans Les Quatre Saisons, elle fait tournoyer les danseurs et acrobates et leurs costumes dans les pas et les figures inspirés du XVIIIème siècle.

Présente en 2015, Marie-Claude Pietragalla revient sur son parcours de danseuse Étoile à l’Opéra national de Paris, puis dans sa propre compagnie, le Théâtre du Corps. Une introspection singulière entre stand up et danse, guidée par ses textes et par une présence inégalable au plateau. Du style classique au contemporain, l’iconoclaste Pietra répond inlassablement Je suis une femme qui danse.

N’omettons pas l’artiste sensible et singulier, le chorégraphe Pierre Pontvianne qui parle sans frontière, d’intime et de commun dans un duo motivé par ce qui dessine les mouvements des corps et ses Motifs. Et la remarquable danseuse et chorégraphe coréenne Sun-A-Lee qui présente un solo étonnant entre film et danse, Dancing Dance for me (Lire notre critique) . Entre souvenirs en images et présence en chair et en os, une balade pleine d’atmosphère dans la Corée d’aujourd’hui. Tout comme Chloé Moglia qui évolue à  6 mètres du sol, dans Bleu Tennace, une danse vertigineuse. 

Á voir également Salam d’Hervé Maigret qui a été sollicité pour créer une pièce pour des danseurs palestiniens. Quatre danseurs, quatre frères comme les quatre points cardinaux et un musicien, un axe, celui du centre du monde, celui qui les rassemble. Entre France et Palestine, ils interprètent la fraternité et la paix. Ils dansent la joie, ils dansent les doutes, ils dansent leurs cultures, ils dansent leurs croyances, ils dansent.

Original, Le Ballet de Lorraine présente un drôle de Discofoot (de Petter Jacobsson et Thomas Caley) sur une place publique où les équipes s’affrontent sur la beauté de leurs pas de danse déjantés et sexy. Un amusement qui dézingue les règles du football à coup de chorégraphies free style sur fond de mix DJ.

Succès unanime pour Thierry Malandain avec Mozart à 2/Beethovent 6 qui fut présentée en ouverture du Temps D’aimer 2020. Le génie de la musique de Mozart est dansé en six pas de deux telles des variations sur le couple dont la passion reste éternellement intacte. Beethoven 6 puise dans la sensualité et l’humanité des vingt-deux danseurs de la compagnie pour une ode à la nature. Avec une capacité à concilier tradition et création et des idéaux humanistes qui transpirent dans chaque œuvre, Thierry Malandain livre une écriture chorégraphique atemporelle (Lire notre critique).  

Tête de proue de la scène internationale, Sidi Larbi Cherkaoui a transmis deux pièces marquantes de son œuvre aux danseurs du Ballet du Grand Théâtre de Genève, forts de leur capacité à embrasser tous les vocabulaires et la danse fiévreuse du chorégraphe. Faun est un hommage à Nijinsky, adapté du célébrissime Après-midi d’un faune. Et ensuite Noetic signe l’affinité du chorégraphe pour les collaborations interdisciplinaires avec des artistes visuels, des designers et des musiciens. Un programme enivrant !

« La difficulté de choisir est évidemment grande. Mais aujourd’hui plus que jamais, la seule manière de faire le bien et de bien le faire était de d’offrir le plus large éventail de danses qui soit »explique Thierry Malandain dont sa programmation si riche et si diversifiée a été accomplie pour répondre au besoin impérieux de rêver, d’aimer et d’espérer. 

Sophie Lesort

Le Temps d’Aimer la Danse à Biarritz, du 8 au 18 septembre 2022

Image de preview :  "STATIC-SHOT" Ballet de lorraine © Laurent Philippe

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