« Planètes » de Jérôme Brabant
Cette création rare, première pièce de grande amplitude de Jérôme Brabant est à découvrir le 9 décembre 2025 à Pôle-Sud.
Jérôme Brabant a imaginé le concept de cette pièce au Danemark, en découvrant l’installation Disharmony of spheres des artistes Foo/Skou, accompagnée d’une performance vocale du duo Joséphine Philip et Hannah Schneider. Planètes conjugue aux corps célestes des danseurs, la musique des sphères de Nicolas Martz, les lumières boréales de Françoise Michel et les conseils de Kitsou Dubois, pionnière de la danse en apesanteur.

De par ses racines réunionnaises, Jérôme Brabant garde une sensibilité particulière aux forces de la nature, aux rites incantatoires, aux souffles invisibles qui traversent le monde.
Dans un décor sombre et sidéral, les corps célestes de sept danseurs et danseuses s’installent, dilatant l’espace de leur seule présence, avant que le plateau ne s’éclaire doucement comme une aube nouvelle, nimbée de bruits d’orage. Dans Planètes, les organismes deviennent pierre, glace, gaz, lave, air ou feu ; et de ces matières surgit une évocation du cosmos, un monde imaginaire en suspension, un lieu d’autres possibles. Les interprètes se meuvent comme des astres, portés par une gravité secrète, dessinant spirales et courbes, répétant des motifs qui se diluent, se recomposent, troublant la perception du temps, étirant la durée jusqu’à l’illusion d’un éternel recommencement.
Photos : Vincent VDH
Les gestes se répètent, se répondent, se prolongent ; les chants jaillissent, s’élèvent, se déposent, se fondent dans la matière chorégraphique, en accentuent les contrepoints, en révèlent la rigueur. Les voix de Joséphine Philip et Hannah Schneider, compositrices et chanteuses danoises, traversent les corps, les habitent, les prolongent ; et parfois les danseurs eux-mêmes se mettent à chanter, créant une polyphonie qui se déploie comme une incantation cosmique, une vibration qui relie les corps entre eux, une onde qui circule et se répand, comme si la matière sonore elle-même façonnait les gestes. Une musique des sphères.
Les lumières de Françoise Michel sculpte l’espace en couches successives, en profondeurs mouvantes, en strates atmosphériques, en œuvres graphiques dignes de Rothko, avec ses couleurs complémentaires qui s’opposent et se juxtaposent. Les costumes de Henrik Vibskov, aux motifs plastiques et colorés, deviennent surfaces de projection, pigments vivants sur lesquels la lumière se dépose, se reflète, se dissout. Tout semble peint dans l’air : chaque nuance se mêle à la suivante, chaque ombre glisse vers la clarté, chaque éclat se fond dans le flux.
Photos : Vincent VDH
Ainsi, visible et invisible, spirituel et terrestre, passé et futur s’entrelacent dans une traversée qui n’est plus seulement chorégraphique mais cosmique. Chaque interprète -planète développe ses phases ou ses phrases sans jamais craindre l’obscurité ou le vide stellaire, suit ses trajectoires, se rejoignant ou s’éloignant au gré de vents silencieux, comme en apesanteur. Planètes devient constellation : une danse cosmogonique, simple et belle, parfaitement maîtrisée dans l’espace, qui éclaire le plateau comme une étoile et invite à dériver vers les mystères du vivant. Ici, la disparition n’est pas une fin mais une métamorphose, une réorganisation du monde autour d’autres formes de vie, une utopie sensible où les corps, les voix et les éléments se rejoignent dans une osmose avec la nature.
Agnès Izrine
Le 9 décembre 2025 à Pôle-Sud, CDCN de Strasbourg.
Distribution
Conception & chorégraphie Jérôme Brabant
Aide à la dramaturgie Kitsou Dubois
Danse Alexandra Damasse, Valentin Mériot, Yves Mwamba, Emma Noël, Manuelle Robert, Nina Vallon, Lucie Vaugeois.
Composition & chant Josephine Philip, Hannah Schneider
Univers sonore Nicolas Martz
Création lumière Françoise Michel
Coordination des costumes Aude Desigaux
Tenues Henrik Vibskov
Scénographie Jérôme Brabant, Françoise Michel
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