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En regard, soirée d’ouverture du BOnR

À la tête du Ballet de l’Opéra national du Rhin, Bruno Bouché invite Sharon Eyal et Léo Lérus, complices de longue date, à partager le plateau pour une soirée en deux temps intitulée En regard.

Ils se sont rencontrés à Tel-Aviv, au sein de la Batsheva Dance Company. Sharon Eyal y fut danseuse avant d’y créer ses premières pièces dans le cadre du projet Dancers Create, puis d’y devenir chorégraphe résidente de 2005 à 2012. C’est au début de cette période, durant laquelle l’Israélienne produit treize pièces, que Léo Lérus est engagé comme interprète dans la même compagnie. Formé aux danses afro-caribéennes et plus particulièrement au Gwoka dès son plus jeune âge, le Guadeloupéen a délaissé cet apprentissage en entrant au Conservatoire national supérieur parisien puis dans la troupe de Wayne McGregor. Alors qu’il s’initie à la fameuse Gaga dance, Sharon Eyal, dont il est assez vite devenu proche, lui demande de reproduire un swag observé lors d’une fête, afin de créer à partir d’improvisations nourries des spécificités de chacun. « Sharon Eyal fera partie des premières chorégraphes à donner une vraie place à ces singularités dans mon parcours. J’y vois la possibilité́ de retrouver mon histoire, d’inventer ma propre signature » confie-t-il. Tous deux sont depuis restés très complices, et c’est cette complicité que nous donne à voir la soirée En regard orchestrée par le Ballet de l’Opéra national du Rhin.

The Look : une danse viscérale de résilience

Dans The Look, qui fut créée pour The Young Ensemble – la compagnie junior de la Batsheva – en 2019 et entre aujourd’hui au répertoire de la troupe mulhousienne, s’expose le style fascinant et inimitable de Sharon Eyal : des corps noueux, tendus, perchés sur demi-pointes, genoux pliés et dos cambrés, semblent ne former qu’un seul organisme, végétal ou animal, qui se déploie en un mouvement d’une précision et d’une exigence aussi redoutables que celle d’un ballet classique. Sur les musiques aux influences tribales et post-industrielles d’Ori Lichtik, fidèle complice de la chorégraphe, dix-huit danseurs et danseuses vêtus d’un même académique noir scrutent le public et font communauté pour mieux résister à la violence. Née des paroles de Gandhi : « Nobody can hurt me without my permission » The Look nous entraîne dans une danse viscérale de résilience.

Ici : dans l’intimité de l’œil du cyclone

Invité par Bruno Bouché, directeur du CCN Ballet du Rhin, à créer en regard de The Look, Léo Lérus a pris pour Ici le parti du contrepied. Il imagine ainsi pour douze danseurs et danseuses une pièce plus intimiste, tournée vers l’intérieur, « un lieu sûr, un œil du cyclone calme au cœur du chaos, un refuge ».

Il s’inspire comme toujours fortement pour ce faire des traditions chorégraphiques guadeloupéennes, notamment du Gwoka ou du Léwòz. En travaillant particulièrement la présence du dos, la mobilité de la colonne vertébrale ou en introduisant des capteurs électroniques qui permettent aux interprètes de générer et moduler l’ambiance sonore et lumineuse, il en livre sa version sensorielle et contemporaine.

Delphine Baffour

Les 18 et 19 septembre à La Filature, Mulhouse, du 26 au 29 septembre à l’Opéra de Strasbourg, le 17 avril au Quai, Lanester, du 28 avril au 4 mai au Théâtre de la Ville, Paris.

Ici (création)
Pièce pour 12 danseurs
Chorégraphie, Léo Lérus
Composition sonore, Denis Guivarc’h
Costumes, Bénédicte Blaison
Lumières, Chloé Bouju

The Look (entrée au répertoire)
Pièce pour 18 danseurs
Chorégraphie, Sharon Eyal
Musique, Ori Lichtik
Costumes, Rebecca Hytting
Lumières, Alon Cohen

 

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