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Danser entre les livres

La chorégraphe Cécile Loyer et l’écrivaine Violaine Schwartz ont investi la librairie La Manœuvre.
L’Hippocampe mais l’hippocampe a été créé dans le cadre de l’édition 2014 de Concordan(s)e. Une table, deux chaises, deux interprètes et un certain nombre de feuilles de papier sont les ingrédients d’un duo qui se joue dans un espace réduit.

On peut entendre ce titre sonner comme une exclamation, presque comme en se frappant le front d’un « mais bien sûr! » L’enjeu de ce duo est en effet la mémoire, élément essentiel dans la construction de chaque spectacle. Loyer et Schwartz traitent avec humour et autodérision un sujet à multiples ramifications, jusque dans la perte de la vitalité mémorielle en « troisième âge ». 

Entre les deux, la tentative systématique à retenir le dernier mot d’une phrase, tourne en boucle et crée des affrontements hautement amusants. Les phrases défiant l’hippocampe sont inspirées d’exercices en orthophonie, ce qui n’est pas sans rappeler la méthode Ionesco pour La Cantatrice chauve. Parfois à la limite de l’absurde et du burlesque, le déplacement de sens des phrases isolées vers un ensemble passe ici par la mise en évidence du processus de travail, qui construit la pièce sous l’œil du spectateur. « On enregistre ? Comme ça, demain, on saura ce qu’on a dit aujourd’hui », etc…

« Nous ne sommes pas de nature à traiter les choses avec trop de sérieux, mais la pièce a tout de même été donnée dans un foyer pour personnes âgées et a donc pris une connotation différente par rapport à la mémoire », indiquent les deux lors de la rencontre qui suit la présentation d’un extrait, adapté à l’espace restreint de la librairie La Manœuvre. Le lieu a l’habitude d’organiser des  rencontres avec des écrivains, et entame une collaboration avec le Théâtre de la Bastille, tout proche, un peu plus haut dans la rue de la Roquette (11ème arrdt). Mais c’est la première fois qu’on y danse.

La présentation d’extraits, suivie d’un bord de non-plateau face aux livres (en l’occurrence avec le rayon « jeunesse » dans le dos), permet d’en savoir encore plus que ce que la pièce dévoile en se déroulant : Comment Schwartz, également comédienne et chanteuse, s’est appropriée une gestuelle alors que Loyer s’est emparée du texte jusqu’à ce que les deux se fassent face en parfaite égalité. Ou encore le cheminement des premières rencontres jusqu’au format final, avec la particularité qui réside dans le fait qu’un écrivain accepte que son texte devienne une matière à improvisation.
Et s’il y a un trou de mémoire ? Tant mieux en quelque sorte, puisque c’est justement le sujet de L’Hippocampe mais l’hippocampe.

Thomas Hahn

La rencontre à la librairie La Manœuvre a eu lieu le 15 mars 2016.
Représentation du spectacle complet le jeudi 17 mars (20h30) au Carreau du Temple, en partage avec Enjoy the silence de Mickaël Phelippeau et Célia Houdart

www.concordanse.com
 

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