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« Au Galop ! La Ballerine entravée », de Stéphanie Chêne et Pierre Guillois

Sous-titré « autobiographie sous un cheval », le spectacle de Stéphanie Chêne mis en scène par Pierre Guillois est un exercice de style singulier. À voir au Monfort du 8 au 11 mars dans le cadre du Festival des Illusions.

La danseuse y raconte sa propre histoire, celle, vingt ans plus tôt, d’une jeune ballerine victime d’une très grave chute de cheval et immobilisée des mois durant dans un hôpital pour grands blessés, sans même être sûre de pouvoir remarcher. La pièce est le récit de cette longue épreuve au cours de laquelle la jeune fille peu à peu se redresse à tous les sens du terme, reconsidérant progressivement son corps, son image et ses relations avec les autres dans une lente renaissance.

Pour rendre sensible son calvaire, Pierre Guillois a imaginé un dispositif contraignant de sangles et de poulies auquel elle est suspendue, d’abord totalement immobile et emmaillotée, puis de plus en plus indépendante à mesure que son corps renaît. Ingénieux, certes, et puissamment évocateur dans les premières minutes du spectacle, cet harnachement rappelle celui auquel elle était enchaînée sur son lit de douleur mais aussi bien sûr le harnais et les rênes du cheval qui causa la perte de sa cavalière.

Jouant tour à tour les personnages de son micro-théâtre hospitalier, cette dernière fait le récit des souffrances endurées, de l’intimité perdue au petit ami qui se dérobe en passant par le paysage réduit à une chambre. Elle affirme haut et fort le pouvoir de l’imagination, la force du désir, la farouche volonté de « s’en sortir » et de danser à nouveau qui réussissent à vaincre les pires obstacles.

On est forcément happé par cette formidable histoire vraie de résilience et de résistance, tout en éprouvant assez rapidement, cependant, une forme d’insatisfaction. En se reposant essentiellement sur l’aspect spectaculaire de son installation, Stéphanie Chêne, même suspendue dans les airs, finit par tourner en rond.

On en était là de nos réflexions quand un rebondissement parfaitement inattendu est venu bouleverser le scénario attendu. A quelques minutes de la fin, victime d’un malaise, la « ballerine entravée » a été contrainte, sur scène, d’appeler à l’aide les techniciens afin de la descendre de ses cordages. Sur ce, le rideau s’est baissé et ne s’est pas relevé, privant le public de la - on n’ose écrire  – « chute ». 

Sans être médecin, on peut penser que les très nombreuses minutes passées la tête en bas au cours de ce monologue d’une heure vingt ne sont pas étrangères à cette perte de connaissance. Mais surtout, cet ensemble de poids et de guindes entravant finit par paralyser non seulement son interprète mais le spectacle lui-même, le réduisant à une simple performance là où on aurait aimé une démarche encore plus radicale.

Isabelle Calabre

Vu le 14 novembre 2017 à la Maison des Métallos

Du 8 au 11 mars au Monfort Théâtre à Paris,

20 au 22 mars au Théâtre de l’Étincelle à Rouen et le 29 mars au Trident à Cherbourg.

 

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