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Temps d' Aimer : « Holy » d'Affari Esteri

Samedi midi, sur le podium installé dans le jardin public, Christine Hassid a présenté une répétition de sa nouvelle création N’ayez pas peur !  qui s’interroge sur le regard féminin sur le monde. De larges extraits interprétés par cinq danseurs où l’on peut déjà noter que la chorégraphe utilise la dérision comme une arme afin de dénoncer des faits choquants. En reprenant plusieurs fois quelques pas, la jeune femme, qui signe pour la première fois une pièce engagée, a démontré, au public assis dans l’herbe, les subtilités du mouvement dansé.

Galerie photo © Stéphane Bellocq

Le soir au Colisée, Holy, solo interprété par Shlomi Tuizer, inspiré du poème emblématique Howl du poète américain Allen Ginsberg. Pour cette nouvelle création, Affari Esteri (Edmond Russo et Shlomi Tuizer) a voulu cerner, isoler, identifier et interroger les notions de résistance et de révolte.

Ecrit en 1955 et publié par le poète Ferlinghetti, Howl a été qualifié d'obscène. Ferlinghetti et Shig Murao (directeur de la librairie), furent arrêtés et inculpés pour sa publication. Le 3 octobre 1957, le juge Clayton W. Horn rendit un arrêt affirmant le contraire, ce qui permit à Howl de devenir le poème le plus réputé de la Beat Generation.

Galerie photo © Stéphane Bellocq

La pièce débute avec des enregistrements de phrases et de mots crus sur la déchéance engendrée par la drogue. Le poème explique le retour au coté bestial de l’être qui devient animal à la recherche d’une furieuse piqûre…

Sur un plateau nu, Shlomi Tuizer se déplace à quatre pattes en effectuant, comme un cafard, des petits sauts de coté. Puis, sur les mêmes mots exprimés en anglais, le danseur se redresse et cherche à se réincarner dans les fantômes du jazz sur les sons de The Fall, Pixies, R.E.M, Sufjan Stevens.

Mais aucune violence dans ses mouvements, ni aucune preuve qui pourrait prouver à quel point le corps et l’esprit souffrent des démons de la drogue. La chorégraphie impose une certaine distanciation par rapport à la violence de l’écriture. Le corps dansé ne crache ni les maux ni les mots. Cette résistance peut-être comprise dans plusieurs sens, mais l’émotion en pâtit. Par contre, au final, Shlomi Tuize récite le poème en hébreu, et là, alors qu’il est statique, sa personnalité et sa sensibilité révèlent ce qu’il n’a pas pu déployer dans la danse. Il fait sentir tout le poids de l’avilissement, de la dépravation, de la chute et de la décadence. Il démontre le récit d’une époque, une vérité crue, un manifeste sur l’homosexualité, sur l’intimité, sur l’héritage juif d’Allen Ginsberg.

Un ouvrage qui ne laisse pas indifférent mais plus étoffée et plus développée, la danse donnerait l’occasion à Shlomi Tuizer de laisser son corps exprimer les états d’âme.

Douce folie dimanche matin sur le front de mer avec la gigabarre dirigée par Richard Coudray. Entre les surfeurs glissant dans les vagues et l’immense barre de plusieurs mètres installée en haut de la plage où un monde fou suivait ce cours d’échauffement de danse classique, ce joli moment plein d’humour absolument magique a prouvé que l’art de la danse séduit petits et grands.

Comme le dit Thierry Malandain, « La danse, c’est la jeunesse perpétuelle du monde. La danse, c’est aussi l’air du temps fait chair. Alors, entrez dans la danse, et embrassez qui vous voudrez ! ». Ceci résume l’ambiance toujours aussi chaleureuse du Temps d’Aimer  dont la suite s’annonce riche en événements.

Sophie Lesort

Le Temps d’aimer la danse jusqu’au 15 septembre

Tournées Holy
Le 15 septembre 2019 à 15H00/ Festival de Royaumont
Le 18 septembre 2019 à 20H00/ Festival Bien Fait! à Micadanses, Paris
Le 18 octobre 2019 à 20H00/ Centre Chorégraphique National de Tours

Holy

Chorégraphie : Edmond Russo et Shlomi Tuizer
Interprète : Shlomi Tuizer
Texte : Howl, Allen Ginsberg
Composition et mise en son : Jérôme Tuncer
Création lumière : Laurence Halloy
Musiques : The Fall, Pixies, R.E.M, Sufjan Stevens
Regard extérieur : Emilie Cornillot

N’ayez pas peur !

Chorégraphe : Christine Hassid
Danseurs : Alizée Duvernois, Océane Sasizza, Rafke Van Houplines, Thomas Queyrens, Guillaume Zimmermann.
Dramaturge : Pierre Boisserie
Lumières : « Caillou » Michael Varlet
Scénographie : Angèle Fachan
Costumes : Chouchane Abello

Première le 7 novembre 2019 à l’espace Treulon, Bruges

 

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