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« À propos du Corps de la ville à Nouméa » entretien avec Nicolas Habas

Après visionnage du documentaire Le Corps de la ville à Nouméa, il nous a paru intéressant d’avoir un entretien avec son auteur, Nicolas Habas, afin d’en savoir plus sur son itinéraire personnel ainsi que sur les conditions du tournage en Nouvelle Calédonie.

Le Corps de la ville à Nouméa sera diffusé sur notre plateforme de films de danse, du lundi 6 au mercredi 15 décembre. 

Danser Canal Historique : Comment avez-vous eu l’idée de faire ce film ?

Nicolas Habas : Plus que réaliser un film, je cherchais un nouveau dispositif. Je viens de l’école du court métrage de fiction qui m’a appris à écrire des films. Souhaitant faire un cinéma qui me soit propre, je voulais contourner les réflexes acquis pour concevoir ce que j’appelle une « écriture corps-caméra dans l’espace ». Je menais alors une réflexion sur mes fondamentaux. Sur mon rapport au cinéma. J’étais aussi confronté à ce à quoi sont confrontés tous les court-métragistes, tous les réalisateurs de cinéma : au temps de fabrication d’un film qui est très long. Et j’avais soif de tourner. Je voulais trouver le moyen de faire un film personnel qui soit le moins contraint par ses conditions de fabrication. Un film que je pourrais faire presque tout seul. J’ai pensé à la danse. Et assez vite m’est venue l’idée d’un dispositif, « le corps de la ville » : un lieu dans une ville, un danseur, seul ou en groupe, un film. À la base, c’est une web-série. Avant la réalisation de ce film, j’avais fait 36 épisodes en format web-série ainsi qu’une série intitulée Mouvements pour Arte.

DCH : Quels sont vos liens avec la danse ? Sont-ils récents ? Aviez-vous déjà une fréquentation de la danse ?

Nicolas Habas : Mon tout premier film, mes premiers essais avec une caméra étaient déjà avec la danse.

DCH : Lequel ?

Nicolas Habas : C’était Marie au parc, tourné en 1998, en VHS et en autoproduction. J’ai toujours eu un intérêt pas cette rencontre avec la danse à partir de la question sur les fondamentaux du cinéma : quand on enlève l’accessoire, qu’est-ce qui reste pour faire un film ? Un corps, un mouvement dans l’espace. C’est comme ça que je suis revenu à la danse, en étant un amateur, mais même pas éclairé.

DCH : Comment s’est fait le casting pour ce film ? Avez-vous eu des conseillers sur place ? Avez-vous fait des auditions ou avez-vous trouvé un autre moyen pour choisir les danseurs ?

Nicolas Habas : La Nouvelle Calédonie étant un territoire extrêmement éloigné de la métropole, c’était compliqué de faire un casting en tant que tel. Sur ce genre de films, je ne pratique pas de casting. J’essaie de proposer un panorama pertinent de la danse sur un territoire, avec les figures incontournables. Je pense à Richard Digoué, par exemple.

DCH : Qui termine le film…

Nicolas Habas : Et qui est la figure fondatrice de la danse contemporaine en Nouvelle Calédonie. J’ai cherché les chorégraphes qui me paraissaient être les plus ancrés dans la modernité, dans l’actualité. Les chorégraphes confirmés et les jeunes talents dont on commence à parler mais qu’on n’a pas encore beaucoup vus. Sur place, je travaille avec des relais, je construis des liens avec les institutions et avec le milieu de la danse et je discute. Je cherche par moi-même, j’affine grâce aux contacts sur place. Et grâce aux danseurs.

DCH : Combien de temps a été consacré au repérage ? Pour tous ces cadres naturels ou urbains, vous avez dû avoir un travail de repérage.

Nicolas Habas : Pour la Nouvelle Calédonie cela a été un cas particulier – je reviens de Martinique où je m’y suis pris différemment. La Nouvelle Calédonie étant très éloignée, il m’était difficile d’envisager de faire une semaine de repérages. J’ai travaillé avec mon producteur, qui connaît bien le territoire, et un coproducteur sur place qui m’a bien aidé. Mais, surtout, les danseurs avaient leur mot à dire. Idéalement, les lieux devaient porter une signification particulière et les danseurs devaient avoir un attachement personnel à ces lieux. Avoir un rapport avec leur histoire personnelle ou avec l’histoire du territoire et de ses points de force. 


DCH : Qu’est-ce qui vous a poussé à utiliser un drone pour filmer la danse ?

Nicolas Habas : Le drone, ce n’est pas tant pour filmer la danse que pour inscrire le décor de la séquence dans un champ plus large.

DCH : Au début, Clancy Tenene n’est donc pas filmée par un drone ? C’est vous qui tournez autour d’elle ?

Nicolas Habas : Tout à fait. C’est une des particularités de mon écriture : je suis toujours à la caméra. Je fais une séquence en deux jours. Dans un premier temps, je cherche avec le danseur, sur la base d’une improvisation concertée, les mouvements de la caméra, du corps, le lien entre les deux. L’essentiel ou l’ossature des films est en plans fixes mais je vais aussi, avec la caméra à l’épaule, chercher une complicité plus grande, plus directe, avec le danseur dans un jeu où je deviens son partenaire.

DCH : Comment ont réagi les danseurs et les spectateurs qui ont vu le film en Nouvelle Calédonie ?

Nicolas Habas : Le film a été très bien reçu en Nouvelle Calédonie. La chaîne qui l’a commandé l’a diffusé trois fois. Il a été présenté il y a trois semaines sur le canal 14, sur Culturebox. Il a été vu par un grand public qui a pu avoir un aperçu significatif : dix danseurs avec dix esthétiques qui vont de la danse classique au hip-hop en passant par les danses traditionnelles et le contemporain, évidemment. La dimension documentaire joue beaucoup sur le lien entre le danseur et le lieu et celui entre les lieux eux-mêmes qui amène les spectateurs concernés à porter une réflexion sur leur territoire, même si elle est poétique.

Propos recueillis par Nicolas Villodre

Le corps de la ville à Nouméa Un film de Nicolas Habas © JPL Productions - AV Com - France Télévisions - 2021 Musique originale Yohan Landry Avec le soutien du ministère de la Culture / Direction générale de la création artistique, du CNC, de la Région Auvergne Rhône-Alpes, et du Fonds de soutien audiovisuel du Gouvernement de Nouvelle-Calédonie.

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