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La température monte, au festival Pharenheit

Au Havre, se prépare une édition très particulière de Pharenheit, annoncée du 30 juin au 17 juillet 2021.

L’édition 2021 de Pharenheit, festival porté par le CCN du Havre Normandie, présente entre autres des spectacles de Thibaud Croisy, Herman Diephuis, Olivier Dubois, Emmanuel Eggermont, Cassiel Gaube et Noé Soulier. Emmanuelle Vo-Dinh propose, pour la dernière édition sous sa direction, également une série de créations et des nouveautés dues au déplacement du festival de février au mois de juillet, qu’elle nous présente dans cet entretien. 

Danser Canal Historique : Nous avons l’habitude de venir au Havre pour le festival Pharenheit en début d’année et soudainement, vous nous proposez une édition baignée de chaleur estivale. Ce n’est évidemment pas le changement climatique qui en est la cause, mais les confinements. Comment se décline l’édition 2021? 

Emmanuelle Vo-Dinh : Cette édition était prévue pour février et n’a évidemment pas pu avoir lieu. Nous avons seulement pu organiser des représentations, réservées aux professionnels, des cinq créations de cette édition, créations qui seront maintenant présentées au public général. Car nous avons la chance de pouvoir ouvrir avec la pleine jauge, le 30 juin même et nous proposons donc un festival de deux semaines et demie, même si cette version estivale de Pharenheit ne peut être identique à celle prévue en hiver, puisque certains lieux partenaires ne sont pas disponibles en juillet. Par contre, nous pouvons proposer des rendez-vous dans l’espace public et des rendez-vous hors les murs qui ne sont pas possibles en février.

DCH : Quelles sont les nouveautés de cette toute première – et peut-être dernière – édition estivale ? 

Emmanuelle Vo-Dinh  : La grande différence, c’est que nous pouvons même organiser des spectacles en extérieur ! Aussi, Herman Diephuis et Cassiel Gaube vont se produire aux Jardins suspendus avec leur jardin botanique qui offrent une vue improbable sur Le Havre, le port, la baie de Seine et la mer. On propose aussi les Masterphares, des ateliers gratuits pour le public qui ont lieu en extérieur. Cette édition estivale collabore aussi avec la manifestation Un Été Au Havre qui existe depuis 2017 sous la direction artistique de Jean Blaise et propose la découverte d’œuvres d’art dans l’espace public. D’autres nouveaux partenaires sont l’Association FORT ! au Fort de Tourneville et l’Artothèque de l’ESADHaR qui accueille Talking Dance, une installation sonore de Valérie Castan et Diane Blondeau. 

DCH : Que signifie le déplacement en été pour votre relation au public ?

Emmanuelle Vo-Dinh : En effet, le public sera différent et c’est un vrai défi, une grande inconnue. Nous avons l’habitude de nous adresser en partie à un public préparé, à savoir des groupes d’étudiants et de lycéens qui ne seront pas avec nous en été, puisque nous serons hors période scolaire. On ne sait pas non plus comment les gens vont réagir à la situation sanitaire et au déconfinement. 

DCH : Quelles sont donc les créations 2021 de Pharenheit ?

Emmanuelle Vo-Dinh  : Il y a trois compagnies havraises, à savoir PJPP, Margot d’Orléans et la compagnie shift, nos artistes associés au CCN. PJPP – il s’agit de Claire Laureau et Nicolas Chaigneau – ont beaucoup tourné avec Les Déclinaisons de la Navarre et leur deuxième opus était donc très attendu. Il reste dans le même esprit et porte le titre incroyable Les galets au Tilleul sont plus petits qu’au Havre (ce qui rend la baignade bien plus agréable). C’est une pièce pour quatre interprètes, avec des personnages que nous connaissons de notre vie quotidienne et qui laisse aussi une belle place à l’improvisation. 

Margot Dorléans a travaillé beaucoup avec Myriam Gourfink et mène une recherche autour du souffle et de la respiration, en lien avec le yoga. Elle présente Incarnation, un solo autour de questions de la peau, de la membrane et de la vibration, du corps de la femme et du bassin dans une très belle scénographie de Laure Delamotte-Legrand. Il est présenté dans le cadre de la programmation du Volcan, Scène nationale du Havre au Théâtre des Bains-Douches où le public entourera l’aire de jeu.

Léonard Rainis et Katell Hartereau de la compagnie le pôle, présenteront un solo engagé avec Joachim Maudet. into-the-wall prend sa source dans l’album concept de Pink Floyd The Wall et livre sur le plateau une pièce coup de poing dans une esthétique proche d’un concert.

David Brandstätter de la compagnie shifts - art in movement, nos artistes associés, crée un solo qui s’appelle CouRage. Il y amène une dimension un peu politique avec des interrogations sur la peur, la colère et le courage qu’il nous faut aujourd’hui pour affronter ces événements qui nous tombent dessus. On pourrait parler d’un duo, puisqu’il joue, au sens propre comme au sens figuré, avec une échelle. 

La création de Flora Détraz est un prolongement de son travail sur la voix et la ventriloquie dans Muyte Maker. Ça s’appelle Glottis et est un véritable ovni. Elle y travaille les questions de la grotte et de la glotte, avec une texture et une scénographie très justes. La pièce est basée sur un travail vocal impressionnant où tous les sons sont travaillés depuis le fond de la gorge, en lien avec le geste chorégraphique. 

DCH : Vous présentez aussi votre propre création, La forêt de glace. Et puis, allez quitter la direction du CCN Le Havre fin 2021. Votre successeur.e sera nommé.e dans quelque temps. Quels sont vos projets à partir de 2022 ? 

Emmanuelle Vo-Dinh : La forêt de glace est pratiquement une création. C’est ma deuxième pièce tout public. Elle est basée sur le roman Le palais de glace de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas. J’y mélange danse, texte – puisqu’il y a une narratrice – et arts visuels. Je voulais une pièce très visuelle et suis partie en Norvège avec mon équipe, où nous avons tourné des images qui travaillent la question du paysage norvégien. Ces visions font partie intégrante de la scénographie. Les interprètes jouent avec les images tournées par Laure Delamotte-Legrand, dans cette pièce initiatique autour de questions existentielles comme celle du double, de la métamorphose et du franchissement de l’enfance en direction de l’âge adulte.

Quant à ma vie post-CCN, je vais implanter ma compagnie à Rouen. Je reste donc en Normandie, et vais établir un studio à la campagne, dans le département de l’Eure. Quant à l’avenir du festival Pharenheit, tout dépendra des choix de la nouvelle direction. 

Propos recueillis par Thomas Hahn

9ème édition de Pharenheit, du 30 juin au 17 juillet 2021

La programmation complète : http://www.pharenheit.fr/2021/fr/programmation/#date

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