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« Kind » de Peeping Tom

Entre danse et théâtre corporel, Peeping Tom crée des spectacles époustouflants, perturbants, surréels et des chorégraphies qui défient l’imagination. 

C’est la fin de la deuxième trilogie pour le collectif Peeping Tom composé de Franck Chartier et Gabriela Carrizo. Si la première s’intéressait au territoire familier (Le Jardin, le Salon, Le Sous-Sol ), la deuxième scrute les histoires de famille avec Vader (Père), Moeder (Mère) et Kind (Enfant) son dernier opus. Et dans ce rôle, c’est la mezzo-soprano de 55 ans, Euridike De Beul, qui s’y colle, en petite fille trop grande qui réunit en un seul personnage l’innocence d’un chaperon rouge à bicyclette et l’effroi suscité par tous les loups imaginables.

Galerie photo © Laurent Philippe

Comme toujours, Gabriela Carrizzo et Franck Chartier, nous offrent un paysage avec vue plongeante dans les méandres de l’inconscient. Dans ce monde-là, il y a des rochers qui s’écroulent et des forêts plus sombres que la nuit, des rêves cruels, des personnages qui sont des choses, et des objets qui s’animent brusquement.

On retrouve, bien sûr, dans Kind tout l’univers de Peeping Tom, des décors hyperréalistes pour des tableaux surréalistes, des randonneurs étranges, une biche perchée sur hauts talons, un bébé sapin malheureux… 

Galerie photo © Laurent Philippe

Mais la magie fonctionne moins bien que dans les deux précédents opus. Sans doute plus sombre, comme la forêt qui entoure les protagonistes, plus acerbe aussi, Kind nous raconte l’épouvante de notre époque plus que les effrois de l’enfance. En témoignent cette famille de migrants dont l’issue est plus qu’incertaine, ces chasseurs qui ont,manifestement, la gâchette un peu trop facile, ou le garde-chasse pédophile et les « décontaminateurs » (prémonitoires !) habillés de combinaisons blanches. Tous les ingrédients sont là pour faire une pièce à la hauteur des deux autres. 

Galerie photo © Laurent Philippe

Alors d’où vient ce sentiment qu’il lui manque quelque chose ? Peut-être de l’imposante forêt qui laisse bien peu de place sur le plateau. Du coup, l’aspect chorégraphique, très physique, et souvent extraordinairement performante de Peeping Tom est singulièrement absent. Au point qu’une des performeuse-actrice-danseuse répète inlassablement la même séquence gestuelle. Jusqu’à en faire voir la corde ! C’est dommage. Heureusement le talent d’Euridike De Beul qui nous débite sans sourcillier le Liebenstod wagnérien sur son petit vélo nous permet d’oublier (un peu) la carence de la danse.

Agnès Izrine

29 janvier 2020, MAC de Créteil, avec le Théâtre de la Ville.

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