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« Gatomaquia », d'Israel Galvàn

On connaît et on admire le travail d’Israël Galvan. On connaît aussi, depuis plus longtemps encore, le charme à nul autre pareil du Cirque Romanès, jadis installé dans le nord de Paris avant d’imposer son chapiteau dans un square de la Porte Maillot, au grand dam des bourgeois du 16e arrondissement.

C’est dire combien un spectacle du premier dans l’enceinte du second nous est a priori sympathique. Malheureusement, au sortir de la première représentation de Gatomaquia, l’impression est mitigée. On y a retrouvé certes, avec plaisir, toute la tribu Romanès - tiens, les filles ont drôlement grandi, elles sont devenues danseuses ! - avec à sa tête Alexandre le père, circassien et poète, et Délia la mère surnommée la sauvage, dont les chants rauques sont puisés à la plus pure tradition tzigane. On a goûté aussi, à plusieurs reprises, les fulgurances acérées du zapateado de l’Andalou, artiste associé au Théâtre de la Ville. Mais le spectacle, sous-titré O Israel Galvan Bailando para Cuatro Gatos, ressemble tout de même à une promesse non tenue qui laisse quelque peu sur sa faim.

D’abord parce que les chats, qui par parenthèse ne sont pas au nombre de quatre mais de six, sont comme les artistes présents sur scène : insaisissables et rebelles. Tout juste s’ils honorent de leur brève présence un solo de Galvan frappant des pieds les cordes d’un instrument posé au sol. C’est seulement avec Alexandra Romanès, lors d’un joli numéro au trapèze, ou avec le père de celle-ci lorsqu’il les appelle d’un sifflement bref, qu’ils consentent à réellement collaborer. De fait, ils ne sont là que pour symboliser le caractère intimiste d’une pièce (en espagnol, dire qu’il y a quatre chats signifie qu’il n’y a personne), voulue par son auteur à l’opposé de ses dernières performances à Avignon ou Séville.

Mais à force de déconstruction minimaliste, on prend le risque de l’insignifiance. Jouer avec une chaise à bascule, danser sur une plaque de métal plutôt que sur un plancher pour faire surgir un bruit de fanfare, ou avec des casseroles, ne suffisent pas à installer réellement une atmosphère. On aimerait pourtant tellement s’abandonner pleinement à la légèreté du moment ! Entre un air de guitare, un chant de Délia, une danse tournoyante tous cheveux au vent de l’une des filles et une improvisation d’Israël, ainsi va la vie chez les Romanès. Et même si nous sommes généreusement conviés à partager cette fête de famille, il manque à cette réunion de talents, pour nous convaincre, un enjeu autre que le simple plaisir d’être ensemble.

Isabelle Calabre

Vu le 12 septembre au Cirque Tsigane Romanès à Paris, programmation du Théâtre de la Ville.

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