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Gala des Ecoles du XXIe siècle

Belle initiative d’Elisabeth Platel que celle de réunir – pour la deuxième fois –  sept écoles de danse venues de compagnies internationales au côté de celle de l’Opéra de Paris, d’abord pour une table ronde sur l’enseignement au sein de ces structures, ensuite pour ce Gala qui présentait les meilleurs éléments de chacune d’entre elles.

Première constatation, plutôt positive, chacune d’entre elles développe un style singulier, parfois lié au chorégraphe qui la dirige ou l’a initié comme John Neumier pour la Balletschule des Hamburg Ballet ou la John Cranko Schule – Stuttgarter Ballet, parfois lié à son histoire comme l’école du Ballet Royal du Dannemark, The Royal Ballet School de Londres, L’Académie Vaganova de Saint-Petersbourg et bien sûr, l’Opéra de Paris. Tandis que les deux écoles nord américaine (The San Francisco Ballet School et Canada’s National Ballet School) sont plus proches des programmations d’outre-atlantique dans la veine des ballets néoclassiques un peu mondialisés.

Plutôt qu’une compétition, c’est bien d’une confrontation qu’il s’agissait dans la sucession de tous ces extraits.

Après l’hyper classique extrait de l’Acte III de Raymonda (augmenté des variations d’Abderam) proposé par l’Ecole de danse de l’Opéra de Paris, bien dansé par nos petits rats nationaux (lire notre article), A Spell on you de Marco Goecke pour la John Cranko Schule nous faisait immédiatement changer de style et de siècle. Sur la musique de Nina Simone, un quatuor se donne la réplique. Tout en élongations et en hyperextensions, ils font montre d’une belle maturité dans leurs échanges. Concerto, un magnifique pas de deux de Kenneth MacMillan sur le Concerto pour piano N° 2 de Chostakovitch lui succède. Superbement dansé par Hang Yu et Harris Bell, aussi expressifs que musicaux, c’est un moment poétique et enchanteur. Panorama, création pour l’occasion de la San Francisco Ballet School signée Myles Thatcher, ressemble à s’y méprendre à tous les ballets de néoclassiques américains, Peck et Millepied en tête. Enchaînant difficulté sur difficulté à vive allure, on ne peut que saluer la technique impeccable des jeunes danseurs, toute émotion en étant singulièrement absente. C’était quasiment tout l’inverse pour la Ballett Schule de Hambourg. On retrouve dans cette école les qualités musicales et surtout l’expressivité de John Neumeier. Tout en demi-teintes et en nuances, sans pour autant négliger la technique, notamment en ce qui concerne l’adage, ce Bach suite 2 privilégiait une danse contemplative.

En ouverture de la deuxième partie, le Pas de deux du Cygne noir dansé par les éléves de l’Académie Vaganova, Eleonora Sevenard et Egor Gerashchenko était éblouissant de qualités techniques… mais aussi de style Sevenard a su incarner la malice d’Odile avec des bras superbes mi-oiseau, mi-serpent. A l’heure actuelle, peu d’étoiles de grandes compagnies sont capables de danser à ce niveau, enchainant les fouettés doubles et les tours à la seconde pour elle, les sauts et les doubles tours en l’air pour lui. Ils ont impressionné la salle. À se demander s’ils sont encore à l’école…

La Canada’s National Ballet School qui enchaînait, n’avait heureusement rien de classique et s’est distinguée dans un pas de trois très frais, Chalkboard Memories très sensible et dansé avec grâce de nouveau sur du Nina Simone dans une chorégraphie de Demis Volpe. Suivait un extrait de ballet de Bournonville exécuté dans la plus pure tradition danoise par les élèves de l’Ecole Royale du Dannemark. Là encore, beaucoup de fraîcheur, et une pointe d’humour dans cette interprétation sans faille de ce pas de quatre qui met aux prises trois jeunes filles et un cordonnier nommé Abdallah qui donne son titre à ce ballet.

Finissant avec A Vertiginous Thrill of Exactitude  signé William Forsythe, l’Ecole de Danse de l’Opéra de Paris a brillé de ses mille feux, démontrant à quel point la technique des jeunes danseurs avait évolué depuis quelques années (lire notre article). Ce qui est d’ailleurs vrai pour chacune des écoles présentées. Le niveau de tous ces élèves étant tout à fait remarquable.

L’ensemble de ce programme se clôturait avec le Défilé des écoles, réglé par Claude Bessy sur la Marche d’Athalie de Mendelssohn, qui bien que différant de la Marche des Troyens de Berlioz, réservée au Défilé de l’Opéra, ne changeait rien quant à sa conception ni sa « chorégraphie ».

Agnès Izrine

Le 7 avril 2017. Opéra Garnier

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