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Festival « Bien faits » : Première édition

A Micadanses, un nouveau festival va sortir de l’œuf, pour voler très haut dès ses premiers battements.

Voilà qui n’a rien d’un coup d’essai. Avec son démarrage plutôt racé, Bien faits ! atteint tout de suite une belle vitesse de croisière. En présentant Mossoux/Bonté, Camille Mutel, Roy Assaf, Tatiana Julien, Vânia Vaneau et autres Aurélie Berland, au total neuf chorégraphes et quatre créations, l’assemblée est aussi cohérente que stimulante, permettant de saisir quelques tendances qui sous-tendent le paysage actuel, sans pour autant se revendiquer d’un courant plus identifié.

Christophe Martin et son équipe situent la jeune création (il faut ici exempter ces jeunes éternels que sont Mossoux/Bonté) dans une histoire de la danse, histoire de rappeler que personne ne sort de nulle part. En appelant les studios de Micadanses Noces, So Schnell et May B, Martin avait d’emblée chargé les lieux d’une continuité. C’est peut-être aussi le sens de la présence de Mossoux/Bonté dans ce festival, où le binôme bruxellois fait figure de mentors. De fait, Bien Faits ! se construit sur un cercle d’artistes en lien avec Micadanses et son festival annuel Faits d’hiver. Et propose des formes courtes lors de soirées partagées, centrées autour d’un regard sur la danse.

Le logo de Bien faits ! ressemble à un de ces badges circulaires qu’on attache à son blouson ou à son sac en coton, pour exprimer un engagement, un point de vue, une revendication... Bien fait, puisque les thématiques choisies situent la création actuelle dans un processus continu de la réflexion sur les arts plastiques et l’histoire de la danse contemporaine. Et voilà. En fait, ceci n’est pas un festival de plus. Il y a là plutôt un triple essai sur le paysage chorégraphique, à activer dans les studios de Micadanses.
 

Reflets plastiques
Où le corps développe un lien fort avec la forme plastique, le regard, l’image...

Avec le duo Vice versa, Mossoux/Bonté lancent une nouvelle série de récits dansés. Deux femmes dans des mouvements lancinants, bercées mais aussi secouées par la cruelle différence entre le monde qu’elles rêvent et sa réalité. Si leurs ondulations sont chargées de signification, elles produisent néanmoins l’effet d’une cérémonie ancestrale qui amène une idée de transe, où le corps commence à imposer sa propre réalité, dans une seule image dont seuls les détails évoluent.

La conscience cède, et Etna !, solo de et par Camille Mutel, pourrait apparaître comme la suite logique de Vice versa : Une libération, une succession d’images de rêve, où la nudité est libération et retour à un état originel. De l’abandon naît ici une nouvelle force de l’être

Laquelle ? Peut-être celle qui traverse Vânia Vaneau dans son solo Blanc, une fantaisie sur les rituels shamaniques afro-brésiliens, résultat d’un travail très plastique sur corps, objets et tissus. Dans Variations sur Blanc, elle augmente et élargit sa recherche, entourée de performers amateurs et professionnels, pour créer des images paysagères.

Après tant de revendication, il faut bien se frotter à quelques adversités. Bien Faits ! invoque donc aussi les forces occidentales colonisatrices des corps et des esprits. Dans Edmonde et autres Saint(e)s, Christine Armanger interroge le corps religieux dans l’iconographie catholique. Après tout, les saints ne sont qu’image(s). Corps et vidéo s’entrechoquent pour interroger les domaines  symbolisés par ces icônes, à savoir érotisme, aveuglement, travestissement, violation et mort. L’image n’est ici plus le vecteur d’une pensée, elle en est le sujet.

Dans leur ensemble, les Reflets plastiques, thème choisi pour réunir ces quatre compagnies, sont drôlement chargés de profondeurs mystiques. Les chorégraphes ne s’arrêtent pas à la forme ou aux aspects extérieurs des images, mais creusent les forces qui en constituent et portent les surfaces.

Et la danse moderne ?

La soirée placée sous ce titre part à la recherche d’un temps perdu de la danse, à savoir cette Modern Dance américaine, si efficacement balayée, dans la perception européenne, par la danse post-moderne. Si aujourd’hui une Aurélie Berland, jeune chorégraphe française, décide de créer une pièce qui décortique les motifs chorégraphiques de La Pavane du Maure, pièce emblématique de José Limon créée en 1949, c’est que le regard sur l’histoire de la danse contemporaine est en train d’évoluer.

Pour preuve, l’intérêt que porte Tatiana Julien à la théâtralité en danse, à une ambiance vintage, à une approche très psychologique du mouvement et du rapport à l’espace, au costume, au temps... Cette figure de proue d’un renouvèlement des codes de la danse contemporaine reprend ici son solo Douve, première figure. Et l’Israélien Roy Assaf, sept ans durant danseur dans la compagnie d’Emmanuel Gat, présente son trio masculin La Colline, également programmé à la Biennale de la Danse de Lyon.

John et Merce

Troisième partie, et la seule à porter sur un chorégraphe en personne. Car s’il y en a un qui peut aisément faire le lien entre danse « moderne » et « post-moderne », c’est bien Merce Cunningham. Et s’il a si bien réussi son petit écart entre ces deux mondes, c’est entre autres dû  à « son » John Cage.

Ashley Chen, pendant quatre ans danseur dans la compagnie de Cunningham (avant de rejoindre le Ballet de l’Opéra de Lyon), se réfère, dans Chance, Space and Time, explicitement aux principes qui ont guidé le couple newyorkais.

A cette création dans le studio May B s’ajoute, dans la même soirée, une autre, dans le studio So Schnell. Après le travail d’Angelin Preljocaj sur Empty Words de Cage dans Empty Moves, voici, Quelque part au-dessus du silence, par Bettina Masson et Nicolas Maloufi qui prennent la Lecture on nothing de Cage comme une invitation au corps à investir les brèches ouvertes par les mots qu’on entend en off, et qui prétendent ne parler de rien.

Thomas Hahn

Bien faits !
Du 19 au 27 septembre 2016

LUNDI 19 SEPTEMBRE 20H30
VANIA VANEAU – Variation sur blanc
Suivi de
CAMILLE MUTEL – Etna !
Suivi de
NICOLE MOSSOUX / PATRICK BONTÉ – Vice Versa

MERCREDI 21 ET JEUDI 22 SEPTEMBRE 20H30
CHRISTINE ARMANGER – Edmonde et autres saint(e)s

SAMEDI 24 SEPTEMBRE 20H30
ROY ASSAF – La Colline
Suivi de
AURÉLIE BERLAND – Pavane miniature
Suivi de
TATIANA JULIEN – Douve, 1ère figure

MARDI 27 SEPTEMBRE 20H
NICOLAS MALOUFI / BETTINA MASSON – Quelque part au-dessus du silence
Suivi de
ASHLEY CHEN – Chance, Space and Time

http://micadanses.com/bien-faits

16, rue Geoffroy l’Asnier, 75004 Paris
M° : Saint Paul, Hôtel de Ville (L1) ou Pont Marie (L7)
Bus : lignes 67, 69, 76, 96
 

 

 

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