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« Faust Nocturne » de Claude Brumachon

En se basant sur le texte de Faust Nocturne d’Olivier Py, Claude Brumachon et Benjamin Lamarche ont créé un étonnant spectacle interprété par des comédiens et danseurs sur une composition musicale de Lionel Ginoux

L’histoire narre les dernières heures d'un Faust qui a trop aimé ; il ne lui reste plus que sa chambre, un manuscrit inédit, le jeu des miroirs obscurcis et un ancien amant, Grand Malheur, devenu rabatteur. Ce dernier lui amène un ultime réconfort en la personne d'Ariel, jeune prostitué roumain.

Avec sur scène une sorte de cage en plexiglas transparent où trônent deux chaises et un très grand cadre positionné verticalement au public de la même matière, les formidables artistes donnent vie avec fureur, provocation, tendresse et sensualité aux personnages de cette pièce.

Alors que pour les comédiens le texte n’est pas simple à jouer tant les personnages sont torturés, tant les idées se croisent et se chevauchent.  La danse, d’une rare violence, exprime magistralement bien les intentions de Méphistophélès, de Faust et d’Ariel. 

Oui, une danse violente lorsque les corps s’explosent face à face bruyamment sur ce grand cadre. Des déplacements très élaborés et pleins de vie. Une danse où la sensualité de la chair est toujours présente. Des corps à corps puissants et évocateurs. 

Excellents, Méphisto et Faust expriment leurs désirs, leurs fureurs et leurs contradictions avec une incroyable énergie aussi bien dans leurs jeux que dans des mouvements dansés. Quant à Ariel, ce jeune homme tant attendu, il développe une bien belle prouesse dans tous les domaines artistiques. 

« Ce piège de l’éternelle jeunesse avec lesquels les instances politiques nous harcèlent me donnent des fulgurances visuelles tout en violence charnelle. » souligne Claude Brumachon. 

Tout cela est parfaitement dessiné dans cette troublante création ponctuée par de la musique et des chants et dont les lumières sont très étudiées.  

Il faut nommer les fantastiques interprètes : les danseurs, Steven Chotard, Cristian Hewitt, Martin Mauriès et les comédiens, Adrien Ledoux, Florian Faure, Léonce Pruvost qui donnent sur scène toute leur âme, leurs vivacité, leurs talents, leurs fougues.  

Arriver à conjuguer aussi magistralement bien le verbe et la danse donne à cet ouvrage une lecture plus concrète, plus ouverte, plus étrange et surtout très lisible et accessible. 

Un combat pour nier ou accueillir la possibilité d'un vivre lumineux !

Sophie Lesort

Spectacle vu le 22 mars 2022 au centre culturel Jean Moulin, Limoges.

Mise en scène-Chorégraphie : Claude Brumachon/Benjamin Lamarche
Compositeur : Lionel Ginoux, commande de l’Opéra de Limoges
Réalisation lumières : Ludovic Pannetier
Supervision musicale : Robert Tuohy
Cheffe de chant : Elisabeth Brusselle
Danseurs : Steven Chotard, Cristian Hewitt, Martin Mauriès
Comédiens : Adrien Ledoux, Florian Faure, Léonce Pruvost
Costumes réalisés par les ateliers de l’Opéra de Limoges sur une conception de Claude Brumachon

Musique enregistrée - Chanteurs-chanteuses : Nicolas Cavallier,  Jérôme Boutillier, Camille Schnoor,  Julien Dran, Thibault de Damas, Cécile Galois,  Ambroisine Bré
Musiciens - violons : Albi Binjaku,  Jelena Jeskin / alto : Estelle Gourinchas / violoncelle : Julien Lazignac / Piano : Elisabeth Brusselle

 

 

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