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« Avant le ciel » de Philippe Jamet

La « vie des autres » rien d’autre, rien de moins. Philippe Jamet porte son regard de chorégraphe sur les gens ordinaires, et fait surgir une danse poétique.

Philippe Jamet poursuit d'œuvre en œuvre le fantasme de nombre de nos contemporains : découvrir les sentiments intimes des personnes que l'on croise quotidiennement, dans le métro, dans la rue... Autrement dit, transformer tous ces instants partagés dans l'anonymat en vraie rencontre. Car ce qui relie le public aux gens projetés sur l'écran c'est un sentiment d'appartenance à une même humanité, c'est la sensation étrange de retrouver le même dans le corps de l'autre, avec des gestes différents, peut-être, mais qui font mouche parce que nous les reconnaissons. Mais surtout, il nous donne à voir une autre image du monde. Loin du petit écran dont le savoir-faire est de fixer la brillance, il nous présente des témoins de notre profondeur.

Le projet vidéo-chorégraphique Avant le ciel a pour thématique l’intime, avec pour corollaire ce qui crée du sens dans nos vies. Début 2016, il rencontre à Bourges, Saint-Etienne du Rouvray et en Région parisienne douze personnes, conviées à exprimer ce qui est essentiel pour elles dans leur vie d’aujourd’hui. En écho à ce film, six danseurs prennent le relais et témoignent à leur tour dans le langage du corps, ouvrant sur des issues insoupçonnées, des possibles, des tangentes infinies.

Galerie photo © Marie Hennard

La vie, la danse

De ces mots qui parlent de transmission, d’amour, d’être au monde, d’audace, de solidarité, de normes et de doutes, Philippe Jamet et ses danseurs on su tisser une chorégraphie subtile. Souvent dans l’urgence, la gestuelle tout en résonnances des gestes esquissés par Michel, Monique, Audrey, José, Nathalie, Katharina, Manil, Arnaud, Adeline, peut projeter ses propres questionnements et perceptions. Fluide, parfois cloué sur place, empêché et pourtant flexible, libéré par sursauts rageurs, le mouvement se propage dans une sorte de récit qui se déploie en solo, duo, quatuor et marque de jolis points d’arrêt en forme de chaînes, de rondes, d’accolades et parfois de chutes.

L'image poétique est un soudain relief du psychisme : les tours semblent circonscrire le moi, les croisements des danseurs racontent la solitude, une fille jette ses bras en l’air comme pour retenir le temps, des ombres chinoises ouvrent les doigts pour le laisser filer. Tout finit devant le bleu du ciel où s’accroche un léger nuage.

Sans doute plus aboutie encore que ses créations précédentes dans sa façon de composer une sorte de texture secondaire, entre les mots et la chair, entre la vie et la danse, Avant le ciel est aussi la réussite d’une équipe formidable que l’on sent engagée à fond dans un projet d’exception.

Agnès Izrine

Vu le le 10 novembre 2016 à la MCB Maison de la Culture de Bourges

Les 14, 15 et 16 décembre 2016 à 20h30, 15 décembre à 14h30 au CDC Atelier de Paris Carolyn Carlson,
Le 25 janvier 2017 à 20h  au festival Art Danse, CDC Dijon, à l'Opéra de Dijon

Atelier de Paris Carolyn Carlson

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