Avec ce solo créé pour Claudia Marsicano, sous-titré 10 exercices pour de nouvelles virtuosités, Silvia Gribaudi invite le public au cœur de sa démarche et brise le 4e mur. Programmé les 25 et 26 novembre à Aubervilliers dans le cadre du festival Playground !
Briser le quatrième mur est bien sûr particulièrement efficace pour nous faire rencontrer une personne réelle qui s’adresse à la salle, depuis le plateau. Quand Claudia Marsicano embarque les spectateurs dans quelques exercices des bras et des bustes, le public fait partie de la performance et rend, par sa participation, la soirée parfaitement unique et non reproductible. L’effet de réel est d’autant plus fort que Marsicano ne correspond en rien aux canons esthétiques de la danse. Cette Napolitaine est comme sculptée par Fernando Botero, et pourtant son énergie est bluffante et contagieuse à souhait.Tout se fait dans une simplicité et avec un naturel si désarmant que même les cinquièmes, sixièmes et septièmes murs etc. du public parisien, habituellement si résistants, tombent en un instant.
La Gribaudi s’engage à libérer les corps, et avant tout ceux des femmes, des stéréotypes de beauté et de bienséance. Cette Turinoise s’est d’abord faite connaître par des spectacles dans l’espace public et par un travail avec des citoyennes de tous bords. Mais elle est aussi une bouddhiste pratiquante, ce qui peut déconcerter, vu que son esprit très méditerranéen, extroverti et enjoué ne correspond pas à l’image que l’on a généralement de cette forme de spiritualité. Quand on lui demande en quoi consiste un lien éventuel entre ses créations et le bouddhisme, elle répond justement par le lien vivant avec les spectateurs. Monter sur un plateau où le quatrième mur n’existe pas, c’est avant tout faire exister le spectateur.
Thomas Hahn
Festival Faits d’Hiver 2024
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