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« Moto-Cross » de Maud Le Pladec

Au Moi de la Danse, Maud Le Pladec se lance dans un solo autofictionnel qui parle de l’enfance, de l’intime et du politique, et de la passion de son père pour le moto-cross.

« Enfant, je danse sur les musiques pop de la disco-mobile de mon père, je suis peinte en tutu rose sur la portière de sa camionnette, je cours de galas en compétitions de moto-cross. Mon père aime la danseuse qu’il a fait peindre sur sa camionnette et j’aime que mon père l’aime. Je ne deviendrai jamais la danseuse en tutu rose peinte sur le C35 et pourtant, c’est bien grâce à elle que je danse tel que je danse aujourd’hui ».

Galerie photo : Laurent Philippe

Moto-Cross plonge dans le passé de Maud Le Pladec, et dans la nostalgie des années 80.
Sur une scène transformée en ring ou en podium, Maud Le Pladec, non pas en tutu rose mais en costume de motard, se lance dans une sorte d’accumulation autobiographique, mêlant dans un seul et même personnage, son père, récemment disparu, son frère et elle. Cette légende personnelle est retravaillée par l’auteur Vincent Thomasset qui en fait une autofiction, le tout étant mis en perspective par la culture pop et techno représentée sur le plateau par le dispositif musical de Pete Harden et le DJ Julien Tiné.

Galerie photo : Laurent Philippe

Maud Le Pladec, nommée récemment directrice du CCN d’Orléans, est connue pour une démarche artisitique  qui tente d’approcher des sujets d’actualité et de citoyenneté dans une perspective plutôt formelle. Cette fois, le formel se niche plutôt dans les sources d’inspirations du texe, sur l’interrogation portée sur la France des années 80 et 90. Contrairement à ses précédents projets d’une écriture très savante autour des figures tutélaires de la musique contemporaine que sont Fausto Romitelli et le collectif new yorkais Bang on a can, dans Moto-Cross, Maud Le Pladec se lâche complétement dans une danse qui multiplie les emprunts au funkstyle, boogstyle et house dance, d’inspiration techno.

Galerie photo : Laurent Philippe

Loin de sa retenue habituelle, ancrée dans des processus de composition complexes, la chorégraphie semble partir dans tous les sens, comme si une soupape de sécurité avait sauté. Comme si une poussée de colère éruptive, puisée dans ses rages adolescentes avait submergé le corps de Maud Le Pladec, soumis alors à toutes sortes d’influx et d’influences. Alors que les lumières d’Eric Soyer pulsent en effets stroboscopiques et à-plats de couleurs franches, Maud Le Pladec éructe sa vie et puise aux sources iconoclastes de sa danse.

Galerie photo : Laurent Philippe

Cette spontanéité autofictionnelle signe à la fois la qualité et le défaut de Moto-Cross. Si l’on peut être touché par l’engagement et l’authenticité de Maud Le Pladec, on reste un peu dubitatif quant à la dimension chorégraphique de l’ensemble et quant à sa capacité d’ausculter les symptômes contemporains d’une société. Peut-être a-t-elle trop voulu en dire alors que selon nous, la danse et la sincérité de Le Pladec aurait sans doute suffit.

Agnès Izrine

Le 9 février 2017 Le Moi de la Danse aux Subsistances

A suivre :
Les 30 et 31 mars 2017 Biennale de danse du Val de Marne, La Briqueterie, Vitry-sur-Seine, FRANCE

 

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