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La Belle Scène Saint-Denis à Avignon

Comme chaque année, La Belle Scène Saint-Denis, rassemble une programmation éclectique en trois tableaux à La Parenthèse, une scène en plein air posée dans le bel hôtel du XVIIIe siècle, sous le feuillage d’un arbre centenaire.

La Belle Scène Saint-Denis est l’occasion de promouvoir les artistes du « 9.3 » en résidence au Théâtre Louis Aragon, Scène conventionnée de Tremblay-en-France et au Théâtre Gérard Philipe, Centre dramatique national de Saint-Denis en partenariat avec le Département de la Seine-Saint-Denis. Chaque année, ils se retrouvent à La Parenthèse, à Avignon, pour faire découvrir leurs compagnies fétiches. Cette année, Satchie Noro, Sandrine Lescourant et Sylvère Lamotte, présentaient des extraits de leurs créations en cours.

mA de Satchie Noro et Yumi Rigout, mère et fille à la scène comme à la ville. Voltigeuses et danseuses toutes les deux, elles explorent leur relation sur le mode de la transmission, au propre comme au figuré. Car leur duo joue essentiellement sur les aides et les appuis, les main-à-mains, et les coudes à coudes. Tout en rondeurs, comme l’agrès noir et blanc qui les accompagnent, en imbrications, en enroulements, tout est connivences secrètes, et tient sur ce fil ténu d’un rapport inattendu. Un pied qui se relève, une main qui se dégage, un pas qui hésite imperceptiblement, chacun des actes successifs semble déterminé par une nécessité à laquelle s’ajoute un élément impondérable de grâce ou de tendresse maternelle

Dans le même rapport duel mais une énergie radicalement opposée, Sylvère Lamotte a composé un duo à trois avec Jérémy Kouyoumdjian et le guitariste percussionniste Stracho Temelkovski. La musique détermine une sorte  de vibration qui laisse le temps s’élargir. Les deux danseurs, sont légèrement appuyés l’un contre l’autre. Ils se fondent dans des étreintes, des mouvements lents et sinueux, des gestes d’attaques alentis et à peine ébauchés, comme des prises inconnues d’une lutte en douceur. Torsions et portés, courbures et cabrés, font jaillir un être précaire et multiple, proche d’emportements mystiques digne de la statuaire du Bernin, avec une musculature que l’on dirait taillée pour Michel-Ange. Des enchevêtrements hors du temps, des tensions en apesanteur complètent ce superbe Ruines qui tient de bout à bout en haleine le spectateur. Le Lamento de la Ninfa de Claudio Monteverdi vient renforcer ces références à la peinture italienne, ces poses de la déploration, ces souvenirs de Pietas. Il faut dire que la compagnie a pour nom Lamento, ce qui en dit sans doute assez long sur les intentions de l’auteur.

Au milieu de ces deux duos, la pièce de Sandrine Lescourant, Icônes, apporte un vent de fraîcheur. Dans une succession de saynètes chorégraphiques, duos, trios, quatuors… elle croque avec humour des situations quotidiennes mais revues et corrigées par les clichés télévisuels, les selfies ou autres snapchats. Tout tient dans la mise en espace et un léger décalage entre l’intention et le rendu. Une exagération de la pose, une absurdité de la position, une inadéquation de la réponse corporelle ou au contraire une trop parfaite adhérence entre l’expression et le geste. C’est fin, c’est malin, et d’une légèreté de bon aloi. Les interprètes sont remarquables, à la fois virtuoses en diable et expressif juste ce qu’il faut. On attend la suite avec impatience.

Agnès Izrine

Le 21 juillet à La Belle Scène Saint-Denis, La Parenthèse, Avignon OFF 2017

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