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L’éclectisme sied si bien à Trente Trente

Un formidable week-end marathon dans Bordeaux programmé par le festival Trente-trente où danse, performance, cirque et musique ont interrogé, séduit, enchanté et fasciné un très large public. 

La 17édition du festival Trente-Trente de Jean-Luc Terrade, (voir notre interview) a proposé vendredi et samedi deux jours de douce folie avec un total de dix spectacles de tous horizons à découvrir dans des lieux très différents. 

En scindant deux groupes de spectateurs pour la journée de samedi, le circuit 1 et le circuit 2 ont pu assister à toutes les représentations pour finir par se retrouver en soirée au Glob Théâtre.

La journée du week-end a débuté avec Les filles mal gardées, une création du chorégraphe Anthony Egéa. Sur un plateau noir qui ressemble à un ring de boxe ou de catch, trois danseuses, vêtues comme les jeunes d’aujourd’hui, entrent sur le sol brillant qui semble même glissant, tout en regardant le public droit dans les yeux. Un fait étonne. Elles sont chaussées de pointes. Et c’est sur pointes qu’elles vont s’affirmer, nous provoquer et nous défier avec chacune un regard effronté, prouver que les filles sont aussi fortes que les hommes, qu’elles savent parfaitement bien ce qu’est la vie et qui elles sont et ainsi, urbaniser leur danse. Une danse rapide, un exercice périlleux, qui oscille entre frottements et formes géométriques variables.  

 

Avec Anthony Egéa, le chausson de pointe n’est pas là pour conter une histoire de prince charmant, bien au contraire, il est présent pour définir la jeunesse actuelle dans toute sa fougue, sa vérité et sa véhémence. Les interprètes sont excellentes et cette forme courte coup de poing laisse envisager ce que deviendra par la suite la version longue. 

Etrange, oui étrange cet opus d’Aloun Marchal et Henrique Furtado qui explorent tous les registres des sons de gorge dans Bibi Ha Bibi. Presque toujours collés face à face, l’un et l’autre se lancent dans une sorte de combat de coq bruyant et loufoque. Lequel sera le plus fort, le plus drôle, le plus ridicule. Ça ne vole pas très haut et c’est surtout trop long, mais une bonne partie du public a apprécié ce duo de danseurs et performeurs qui s’amuse des codes de la virilité. 

Galerie photo © Pierre Planchenault

Au marché de Lerme, esthétique, formidable, émouvante Étude(s) de chute(s) par la compagnie Trucmuche et conçue par Michaël Allibert et Jérôme Grivel.  Au centre, un grand socle d’acier sur lequel sont soudées plus d’une vingtaine de barres perpendiculaires de différentes hauteurs qui se terminent par un petit socle carré posé à l’horizontale. Très lentement, prenant leur temps, Allibert et Grivel s’installent et prennent appui chacun leur tour sur les socles espacés. Se dessinent des positions qui semblent alanguies, sauf qu’il ne s’agit pas de repos, mais d’images qui représentent l’arrivée au sol après une chute. 

La tête, les bras, les jambes (ou les pieds) et le bassin ne sont soutenus que par cinq appuis. Sandra Rivièrere joint les deux hommes dans ces situations peu confortables. Sur des extraits de chanson d’époques différentes, parfois drôles, parfois nostalgiques, les trois interprètes se posent sur le ventre, de coté, de dos ou au sol…. A chaque fois, ils demeurent un long temps dans ces moments où la mort les a surpris. Les images qui en découlent sont magnifiques, violentes, puissantes, réalistes. 

Puis, l’un après l’autre, ils se déshabillent. Une fois nus, on aperçoit les traces laissées par les socles en acier sur leurs corps. Poursuivant leurs explorations de la chute, ces deux hommes et cette femme engendrent une ambiance saisissante où la pureté s’installe en contradiction avec l’accident qui a provoqué l’effondrement d’un être. 

En seulement trente-cinq minutes, l’exposition chorégraphique Étude(s) de chute(s) raconte tout simplement le parcours d’une vie !

Sophie Lesort

Spectacles vus les 24 et 25 janvier au Festival Trente Trente de Bordeaux

Festival Trente Trente 

Les filles mal gardées :
Direction artistique de chorégraphie : Anthony Egéa
Interprètes : Olivia Lindon, Jade Paz Bardet, Florine Pegat Toquet
Regard extérieur : Jean-Luc Terrade
Scénographie et lumière : Florent Blanchon
Costumes : Hervé Poeydomenge
Décors : Atelier de construction de l’Opéra National de Bordeaux

Bibi Ha Bibi
De et avec Aloun Marchal et Henrique Furtado

Étude(s) de chute(s)
Conception : Michaël Allibert & Jérôme Grivel
Exécution : Sandra Rivière, Michaël Allibert & Jérôme Grivel
Plasticien : Jérôme Grivel
Assistante chorégraphique : Sandra Rivière
Paysage sonore et son : Jacques Schaeller

 
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