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« L’Album du Fashion Freak Show » de Jean Paul Gaultier

L’un des mérites, des atouts, des points forts du spectacle grand public et bon enfant des Folies Bergère  dans lequel Jean Paul Gaultier se remémore cinquante ans de culture « pop » et qui explique en partie le succès de l’entreprise est la bande son qui a été supervisée par un des guitaristes et des auteurs-compositeurs les plus pointus en matière de « funk », Nile Rodgers, cofondateur du groupe Chic. (lire notre critique)

À l’entendre diffusée par une remarquable sono et amplifiée ce qu’il faut en salle, on peut penser que Rodgers a eu un accès aux masters des maisons de disques, à commencer par ceux de la Warner, la compagnie qui a produit cette compilation sous forme de double album – soit en tout 38 morceaux électriques et éclectiques.

Il s’agit donc de la playlist de la génération JPG, avec des partis pris assumés, à la limite du kitsch ou du « bad gusto », des réminiscences, des madeleines musicales, des perles aussi. La B.O. alterne le chaud et le froid, le faible et l’intense, le complaisant et le rigoureux, le temps mort et le temps fort, le rétro et le branché, le trivial et le sublime. D’un côté, Le Freak de Chic ; le Te Deum de Marc-Antoine Charpentier qui a bercé les enfances en noir et blanc des téléspectateurs qui annonçait les retransmissions en eurovision, y inclus le fameux Concours du même tonneau qui sévit depuis 1956 ; le Light My Fire des Doors parfaitement interprété par Demi Mondaine ; Joséphien Baker dans l’indémodable J'ai deux amours; la voix de tête entêtante de Bronski Beat dans Smalltown Boy ; les lyrics lettristes de Gainsbourg dans Comic Strip; le classique Walk On The Wild Side de Lou Reed par Demi Mondaine ; le thème façon James Bond, Planet Claire de B’52 ; le premier morceau punk belge, Ça plane pour moi de Plastic Bertrand ; le répétitif Relax de Frankie Goes To Hollywood ; le grave  et léger Nightclubbing d’Iggy Pop par Demi Mondaine ; le cancan de La Gaîté parisienne d’Offenbach ; le sens du flow de Shirazee dans Iguana ; l’indépassable It’s a Man’s Man’s Man’s World par Demi Mondaine ; le trésor absolu Sweet Dreams d’Eurythmics ; le très convaincant Tout le Monde de Zazie; le swingant Good Times de Chic ; la version métal de Sweet Dreams par Marylin Manson.

De l’autre, une guimauve de Conchita Wurst à l’Eurovision ; une scie de la native d’Enghien-les-Bains, Mistinguett, un clin d’œil archéologique au concept de music-hall ; l’accent tonique placé n’importe où, n’importe comment par Stromae dans Ta fête; le générique pompier ou pompeux du film Falbalas cher aux couturiers ; le prévisible tune de Jacques Dutronc et Jacques Lanzmann Les Playboys; la soupe disco de Curtis Mayfield, Move On Up; le convenu I Want Your Love par Catherine Ringer ; le God save the Queen marquant l’influence britannique ; le vulgos Etienne; le funk laborieux de George Michael dans I Want Your Sex; les trop lisses  I Need a Man de Grace Jones et Fashion Pack d’Amanda Lear ; le simplet  Marcia Baila des Rita Mitsouko ; la vf par Catherine Ringer de  I’ve Got You Under My Skin ; la tentative de rap How To Do Zat de JPG ; la variète au rythme house, Supermodel de Ru Paul; le tube trop parfait de Madonna, Vogue; le texte banal de Maître Gims, Sapés comme jamais; le name dropping systématique de Philipp Katerine sous influence Stevie Wonder, 100% VIP ; l’oubliable Spacer de Sheila.

Comme on peut voir – et, surtout, entendre –, chacun y trouvera son miel dans tout ou partie de ce copieux album, le meilleur souvenir qu’on puisse conserver du spectacle.

Nicolas Villodre

Le Fashion Freak Show est présenté aux Folies Bergère jusqu’au 16 juin 2019.

Double CD édité par Warner - Prix conseillé : 14,99 € - Prix plateformes digitales : 12,99 €

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