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« Gula » de Vincent Mantsoe à la Biennale du Val-de-Marne

Vincent Mantsoe a transmis son solo dansé à la manière d’un oiseau à Phumlani Nyanga du Vuyani Dance Theatre.

Le regard au lointain, le cou érigé au possible. Toutes articulations pliées, et soudain, des développés maximales. Les oiseaux possèdent des talents physiques que seuls les danseurs savent surpasser. Quand Phumlani Nyanga saute en direction des nuages, on croit qu’il va s’envoler pour de vrai.

Gula (oiseau) est un solo, aussi bref que puissant, créé par Vincent Mantsoe au sein de la compagnie sud-africaine Moving into Dance Mophatong, il y a vingt-quatre ans. Le premier tableau  affiche une mimesis extrêmement détaillée qui opère le passage vers un autre monde. Par la suite, Nyanga n’est donc plus un danseur qui fait référence aux volatiles, mais un esprit sous forme animale qui s’empare du corps d’un humain.

Vincent Mantsoe, chorégraphe et interprète originel de Gula, travaille sur la rencontre entre les danses traditionnelles et contemporaines. Il introduit donc dans cet envol shamanique des touches cubistes. Quand le bras du danseur incarne la jambe et la patte de l’oiseau, c’est du Picasso dansé.

Gula de Vincent Mantsoe - Phumlani Nyanga © Laurent Philippe

Ce solo est par ailleurs si bref qu’aux saluts, on croit retrouver l’époque du ballet romantique, quand la soliste  engrange les applaudissements avant que l’action ne continue. Gula est par ailleurs devenu une pièce de groupe, Gula Matari, créé par Mantsoe pour le Vuyani Dance Theatre de Gregory Maqoma. Mais il pourrait tout aussi bien s’inscrire en tant que solo-clé dans une dramaturgie élargie, à l’instar de l’incroyable solo de Seydou Boro dans sa création Le Cri de la Chair.

A la fin de la soirée à La Briqueterie, dans le cadre du focus africain Donkel Aa Sîra - Le sillon des danseurs, Mantsoe a interprété, dans le foyer, de façon informelle, un extrait de Gula, montrant par là qu’il ne lui manque rien pour continuer à interpréter lui-même  ce master-piece. Alors, pourquoi cet acte de transmission? Il se peut que la réponse se trouve dans une tradition aussi ancestrale que celle, évoquée à travers les références aux marabouts.

Gula - Vincent Mantsoe © Laurent Philippe

La transmission de Gula à une nouvelle génération peut donc être vue comme une passation rituelle, dont la raison est à chercher ailleurs que  dans le vieillissement du corps de son créateur. C’est un investissement dans l’avenir, une façon d’assurer à Gula une continuité, de père en fils spirituel, histoire d’arracher un bout de vie éternelle à un monde qui verra un jour l’humanité disparaître. Les oiseaux, eux, continueront de peupler la Terre. Ils sont l’avenir de la danse.
 
Thomas Hahn
Spectacle crée par et avec Vincent Mantsoe en 1993
Re-création avec Phumlani Nyanga au festival Danse L’Afrique Danse, Ougadougou, novembre 2016
Vu au CDC La Briqueterie le 20 mars 2017, 19e Biennale de Danse du Val-de-Marne

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