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« Danseuse étoile », Agnès Letestu avec Gérard Mannoni

Le dernier mot du livre écrit à quatre mains par la danseuse Agnès Letestu et le journaliste Gérard Mannoni est : énergie. Il sied particulièrement bien à la longue silhouette de celle qui fut, jusqu’à son départ en octobre 2013, l’une des plus belles étoiles du Ballet de l’Opéra de Paris. Loin de se contenter d’une nouvelle existence partagée entre ses prestations d’étoile invitée sur diverses scènes internationales, ses fonctions de coach, et son activité de plus en plus prenante de réalisatrice de costumes, Agnès Letestu a en effet ajouté, à la liste de ses activités, la co-rédaction de ce témoignage passionnant.

Revenant sur les principales étapes qui ont marqué son ascension jusqu’au plus haut grade de la hiérarchie du ballet, la danseuse évoque successivement son enfance à Saint-Maur, l’enseignement de M. Bertin son premier professeur, son admission à onze ans à l’école de danse, alors encore au Palais Garnier, les cours de Max Bozzoni et l’entrée dans le corps de ballet. Débute alors une trajectoire sur orbite semée de nombreux prix : Carpeaux, AROP, et surtout Varna en 1990 (sans oublier le Benoit de la danse en 2006 pour son rôle dans La Dame aux Camélias de Neumeier). Le vrai tournant se situe en 1993, lorsque devenue première danseuse, Agnès Letestu peut enfin accéder aux œuvres qui la font rêver. Les ballets de Lifar (la variation de l’Ombre dans Les Mirages), ceux de Balanchine, Le Lac des cygnes de Noureev mettent en valeur sa technique impeccable, son élégance stylistique et son engagement à interpréter en profondeur un personnage. Nommée en 1997 étoile par Hugues Gall, à l’issue d’une représentation du  Lac des Cygnes avec pour partenaire Laurent Hilaire, elle marque aussi de son empreinte les Nikya et Gamzatti de La Bayadère de Noureev, la Garance des Enfants du Paradis de José Martinez, ou encore La Dame aux Camélias de John Neumeier, sur laquelle elle fera ses adieux.

Toutefois, ce qui intéresse le plus Agnès Letestu n’est pas de raconter sa vie mais d’analyser, en autant de chapitres éclairants, le rapport au corps, la transmission de maître à élève, la présence scénique, les ‘premières’ et la dernière, les partenaires, les chaussons et les costumes, bref, tous les thèmes qui rythment une vie de ballerine. Qu’on ne s’attende pas, en revanche, à un étalage d’intimité, même si le danseur étoile José Martinez, qui partagea sa vie durant plusieurs années, apparaît très souvent au fil du récit. En toutes circonstances Mademoiselle Letestu garde une tenue et une élégance de ton qui ne surprendront pas celles et ceux qui l’ont vu briller sur les scènes du Palais Garnier ou de l’Opéra Bastille. On retrouve également, dans ces pages auxquelles Gérard Mannoni a prêté sa plume experte, toute la finesse et la précision que la ballerine eut à cœur de mettre dans ses rôles. A lire sans modération.

Isabelle Calabre

Preview : Agnès Letestu © Elias

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