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Claudia Castellucci à la Biennale Danza de Venise

Sur le campo Sant’Agnese, surgissent une dizaine de personnes, vêtues avec de grands manteaux noirs ou marron d’un autre âge, avec, à leurs pieds des godillots. On ne sait à les voir si ce sont des costumes gothiques d’aujourd’hui ou volontairement médievaux. Qu’importe, ça fonctionne plutôt bien avec le décor naturel. On attend la suite.

Très vite, les voilà qui se lancent dans la danse la plus ancienne, la plus populaire et la plus répandue à savoir : la ronde. Mais bien sûr, Esercitazioni ritmiche de Claudia Castellucci (la sœur de Roméo) ne porte pas son titre en vain. C’est donc à une danse en cercle rythmée que se livrent bientôt les danseurs. Basée sur la division des syllabes grecques, la danse se doit d’être rythmique, circulaire et suivre précisément la battue musicale. Très vite, on est séduit par cet entêtement de la marche, cette obstination d’un temps qui se répète, qui insiste. C’est le préalable de toutes les danses les plus archaïques, être ensemble dans un temps compté, avec cette jouissance particulière qui consiste à faire entendre le claquement de ses pas. Les seules variations, au début, sont celles évidemment du rythme, Claudia suivant scrupuleusement le programme de son titre.

Mais peu à peu, et alors que les danseurs se débarrassent de leurs manteaux, se distingue une sorte de variable d’ajustement dans un élément dont on ne saura s’il est prévu ou imprévu : l’erreur.

Car de temps en temps, ce bel ordonnancement giratoire, réglé métronomiquement,  semble se détraquer : Un pas légèrement décalé, un tour sur soi-même, et hop, la machine reprend son rythme avec une persisitance d’autant plus affirmée. La marche s’enrichit alors de quelques sauts, le rythme se syncope, les pas se complexifient, on rebondit sur une jambe, les bras se lèvent, les visages se tournent vers le ciel…

On sent les interprètes plongés dans leur action. On pense aux danses (notamment bretonnes) que l’on faisait collectivement pour applanir et tasser les sols de terre battue. Tout ça a un côté primitif, mais tellement agréable à faire et à regarder… d’ailleurs, les spectateurs restent hypnotisés.

Et soudain, le groupe se dissout comme s’il n’avait jamais existé, nous laissant là avec quelques cadences dans la tête.

Agnès Izrine

Le 25 juin 2015, Biennale College - Danza, Venise

Esercitazioni ritmiche
Chorégraphie : Claudia Castellucci
Avec : Annalisa Celentano, Marianna Cifarelli, Dixon Li, Livia Massrelli, Alessio Mazzaro, Callahan Mcgovern, Kotomi Nishiwaki, Giulia Rossi,Rossella Russo, Antonio Savoia
 

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